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"Une guerre entre 'races' qui remplace la lutte des classes": sur RMC, Manuel Valls justifie sa phrase polémique

L'ancien Premier ministre en a choqué évoquant dans un entretien à l'hebdomadaire conservateur Valeurs Actuelles une "guerre entre races". Il assume cette phrase et se justifie dans Les Grandes Gueules.

"La lutte des classes disparaît au profit de la guerre entre 'races'", estime l'ancien Premier ministre PS Manuel Valls dans un entretien à Valeurs actuelles à paraître jeudi, dans lequel il dénonce aussi l'émergence d'une "logique de la victimisation".

Une phrase qui fait polémique dans un contexte de tension sur les violences policières et le racisme dans le monde à la suite de la mort de George Floyd aux USA. Manuel Valls était l'invité des Grandes Gueules ce mercredi pour expliquer cette sortie.

"Je ne suis pas naïf, je sais qu’il y a des inégalités, des discriminations, du racisme"

"Je comprends évidemment l'émotion. Ce que je dis dans l’interview c’est qu’une partie de la gauche, toute la mouvance dite 'décoloniale' a remplacé la lutte des classes par la guerre entre guillemets entre 'races'. Je parle de guerre car les mots qui sont utilisés sur par exemple l’idée d’une existence d’un privilège blanc, montre la dangerosité de ce débat.
Je dis qu’on cherche à nous imposer une grille de lecture essentiellement américaine d’un côté. Mais il y a aussi de l’autre côté le suprémacisme blanc aux USA, on chercherait également à nous imposer l’idée que l’homme blanc est en danger dans notre pays… Attention à ce débat parce qu’il tourne le dos à une conception de la République, de ce que nous sommes et qui devrait nous amener à vivre ensemble. Comme je ne suis pas naïf je sais qu’il y a des inégalités, des discriminations, du racisme, je dis que dans certains quartiers, dans certains pays, être noir c’est plus difficile bien évidemment."

"Je parle de guerre car c’est le langage de toutes ces mouvances de l’extrême gauche, qui d’ailleurs se retrouvent parfois avec l’extrême droite"

Il trouve que le débat autour du racisme est dangereux même s'il ne nie pas les problèmes liés à cela.

"Je ne nie rien (des discriminations). C’est une question d’égalité et de droits, pas de privilège. Je parle de guerre car c’est le langage de toutes ces mouvances de l’extrême gauche, qui d’ailleurs se retrouvent parfois avec l’extrême droite sur la question de l’antisémitisme qui les unit, cette guerre est terrible car elle essentialise autour de la couleur de peau, alors si le débat n’est que sur la couleur de peau alors on va vers un affrontement qui paraît particulièrement dangereux pour la démocratie, pour la République et son équilibre, et de ce point de vue, on a raison de parler de cassure."

"Il y a une part d’échec de tous ceux qui ont gouverné et je prends bien évidemment ma part. On n’a pas su trouver la solution"

Comment éviter cet affrontement? L'ancien Premier ministre reconnaît sa part de responsabilité de la situation actuelle et estime que la solution n'est pas encore connue pour trouver une issue à cela.

"Il y a une part d’échec de tous ceux qui ont gouverné et je prends bien évidemment ma part. On n’a pas su trouver la solution. Ca passe par l’école, les politiques sociales, l’autorité, les valeurs. Ce qui se passe à Dijon, dans nos quartiers… L’utilisation de cette émotion légitime venue à cause du meurtre raciste de George Floyd transposé à notre pays, créé cette vision. Il faut une réponse forte, républicaine. Surtout n’en faisons pas un débat entre races. Les races n’existent pas bon sang! Il n’y a que la race humaine. C’est vrai qu’il y a une faillite de la gauche, c’est pour ça qu’il reconstruire une partie de la réponse politique mais je reconnais que que là, le défi le plus important."
J.A.