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30 élèves par classe en maternelle: "C'est trop", estime Boris Cyrulnik

Emmanuel Macron lancera mardi matin les Assises de l'école maternelle à Paris. Des Assies préparées avec le concours du neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Il était l'invité de M comme Maïtena ce lundi sur RMC.

Les Assises de l'école maternelle démarrent ce mardi à Paris. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik a été chargé de livrer son expertise à cette occasion. Pour ce spécialiste de la petite enfance, l'école doit apporter plus de sécurité affective.

"On voudrait introduire l'affectivité à la maternelle. Apprendre à un enfant ce n'est pas seulement le bourrer d'informations, c'est le sécuriser pour lui donner le plaisir d'apprendre et ça, ça se passe dans la proximité affective. A ce moment-là l'enfant apprend à toute allure", explique-t-il.

Boris Cyrulnik plaide également pour davantage de professeurs dans les écoles maternelles: "Ce serait le rêve de doubler le nombre de postes, parce qu'on établit plus facilement des relations affectives quand on a 13-14 enfants à gouverner et à sécuriser, que quand on en a 30. C'est probablement trop même si dans certains pays comme en Chine, peu d'enseignants ont beaucoup d'enfants et ils ont des résultats excellents".

"Beaucoup plus difficile de s'occuper d'un petit Européen que d'un petit Chinois"

Le neuropsychiatre explique toutefois les différences entre les petits Chinois et les petits Européens:

"Dans les interactions précoces, les petits Chinois sont beaucoup plus paisibles que les petits Européens qui sont beaucoup plus explosifs et que c'est beaucoup plus difficile de s'occuper d'un petit Européen que d'un petit Chinois. Les Asiatiques apprennent très vite probablement parce que la sécurisation des bébés commence pendant les dernières semaines de la grossesse. On sait maintenant que quand les parents sont stressés en cas de négligence affective, violence conjugale, précarité sociale. Dans les pays orientaux, si la mère tombe malade, il y a beaucoup de femmes et d'hommes autour du bébé donc son monde change à peine. Mais dans le monde occidental qui valorise l'individu, si la mère est mal, la niche sensorielle du bébé n'est plus sécurisante. Et la neuro-imagerie montre comme l'insécurité maternelle altère le développement cognitif de l'enfant, c’est-à-dire le traitement des informations par le cerveau".
P.B.