"Le Bureau des vérifs": ce que va changer (ou pas) le traité d'Aix-la-Chapelle signé par la France et l'Allemagne
Beaucoup de choses ont été dites autour de ce traité qui fait l’objet de beaucoup de fantasmes et de critiques virulentes de la part du Rassemblement National. Marine Le Pen a estimé par exemple que le traité allait "détruire ce que le Général de Gaulle avait fait, en envisageant de partager notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU avec l’Allemagne" ou encore de mettre sous tutelle une partie de l’Alsace. Ce qui est faux.
Mais reprenons les choses depuis le début. Le traité d’Aix-la-Chapelle, du nom de la ville allemande, où il a été signé ce mardi, est un traité de coopération franco-allemande.
Sa date n’est pas un hasard puisqu’elle correspond à celle du traité de l’Élysée, signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer en 1963, et qui est considéré comme un texte fondateur de la relation franco-allemande. L’objectif avec le traité d’Aix-la-Chapelle c’est justement de compléter, le texte de 1963.
Vingt-huit articles réparties en sept chapitres
Le traité propose vingt-huit articles en tout, répartis en sept chapitres qui portent sur des grands thèmes comme par exemple les affaires européennes, la culture, ou la sécurité. Pour chaque domaine, c’est toujours un peu la même chose. Les deux pays s’engagent à "approfondir leur coopération" et "faire converger leurs objectifs".
Par exemple, pour les Affaires européennes, mais aussi pour les politiques de défense, de sécurité, les deux pays s’engagent à se consulter régulièrement. L’objectif est "d’établir des positions communes", que les deux pays pourront ensuite défendre devant les représentations européennes ou internationales.
Mais une rumeur folle a couru sur certains sites conspirationnistes affirmant que le traité évoquait la vente de l’Alsace et de la Lorraine à l’Allemagne. Marine Le Pen a elle aussi donné son interprétation puisqu’elle indique dans une vidéo une "mise sous tutelle d’une partie de l’Alsace". Peut-être que cette rumeur est liée au chapitre 4 du traité qui porte la coopération régionale et transfrontalière, mais ce qui est sûr c’est que le nom de la région grand Est n’apparaît nulle part dans le document. Il s’agit seulement de faciliter des projets transfrontaliers.
Echanges de personnel entre la France et l'Allemagne au conseil de sécurité de l'ONU
Marine Le Pen a aussi indiqué qu’elle ne voulait pas que la France partage son siège au conseil de sécurité de l’ONU avec l’Allemagne. Mais là non plus, cette proposition ne figure pas dans le traité.
Dans le traité, le conseil de sécurité de l'ONU est évoqué dans deux articles. Dans l’article 5, il est précisé que l’Allemagne et la France pourront procéder à des échanges de personnel entre les équipes du conseil de sécurité. Il ne s’agit donc pas de partager le siège mais échanger des fonctionnaires.
Et dans l’article 8 du traité, il est indiqué que "l’admission de l’Allemagne en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies" est "une priorité de la diplomatie franco-allemande". Il n’a donc pas du tout été question que la France cède son siège permanent à l’ONU.
En novembre, le vice-chancelier allemand, Olaf Scholz a proposé que la France abandonne son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies au profit d’un seul pour l’Union européenne. Une proposition accueillie froidement par la diplomatie française.