Agressions dans les prisons: le coup de colère d'un représentant des surveillants sur RMC

Les agressions de surveillants se multiplient et la colère grandit. La ministre de la Justice Nicole Belloubet a tenté de calmer les esprits en visitant ce mardi la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) où un détenu radicalisé a agressé trois membres de l'administration pénitentiaire la semaine dernière.
Mais l'accueil a été froid: une cinquantaine de surveillants en colère bloquaient l'entrée de l'établissement depuis l'aube, et ont accueilli la garde des Sceaux en chantant La Marseillaise, et en lui lançant des slogans comme: "Vous êtes en retard Madame la ministre!", "des moyens financiers, des moyens humains!" ou "des solutions Madame la ministre!".
"Il faut des réponses rapides !"
Invité de Radio Brunet ce mardi après-midi, Jean-François Forget, secrétaire général du syndicat UNSA/UFAP Pénitentiaire a expliqué les raisons de cette colère et en a profité pour expliquer ce qu'il faut rapidement changer pour éviter que la situation ne dégénère encore plus.
"La priorité, c'est notre sécurité, et qu'on puisse assurer nos missions dans des conditions décentes, et on en est encore loin. Il faut construire des prisons mais on est dans l'ordre de cinq à dix ans. Il faut des réponses demain! Il faut changer de cap", réclame-t-il.
Le syndicaliste revient sur un exemple criant à ses yeux. Un de ses collègues intervenu sur une tentative d'assassinat entre deux détenus qui est poursuivi parce qu'il avait laissé deux portes de cellule ouvertes en même temps au lieu d'une: "On nous fait chier !", juge-t-il. Lors d'un échange avec Pierre Tartakowsky, président d’honneur de des Droits de L’Homme, notamment sur les fouilles systématiques, le secrétaire général du syndicat UNSA/UFAP Justice est sorti de ses gonds:
"On nous donne des gens à garder, mais on nous donne pas les moyens de les garder. C'est pas plus compliqué que ça! Quand je vais voir un spectacle ou que je prends l'avion, je me fais fouiller et j'obtempère, sinon je ne vois pas le spectacle ou je ne monte pas. Ne nous faites pas passer pour des pervers! Nous sommes des professionnels plus humanistes que vous ne l'imaginez parce que nous travaillons sur de la matière humaine. S'il n'y a pas plus de suicides en prison, s'il y a de l'intérêt porté à la population carcérale, c'est nous avant tout et personne d'autre. Mais, bordel de merde, ceux à qui ont tend la main pour les aider, pour les sortir de la merde, c'est ceux-là qui nous agressent!"
"Il faut un nouveau statut pour les détenus radicalisés"
S'il veut plus moyens financiers pour ses collègues, Jean-François Forget réclame également un arsenal législatif pour pouvoir mieux gérer les détenus. "Il nous faut aussi un statut pénal pour ces terroristes, ce ne sont pas des détenus de droit commun. Il faut arrêter, bordel de merde, ils agressent le pays, ils agressent les fonctionnaires, ils sont en train de nous pourrir nos détentions", lance-t-il.
"Il nous faut une prison avec des moyens coercitifs, législatifs, réglementaires et des outils pour qu'on puisse agir sur ces gens-là. Ce n'est pas normal qu'on ne puisse pas les menotter pour les transiter dans la détention".
Il conclut en envoyant un message au président de la République et à la ministre de la Justice: "Qu'il arrête de faire de grandes déclarations comme il l'a fait lundi. Que la garde des Sceaux arrête de se mettre sous pression et qu'elle agisse fermement par rapport à ce qu'on lui demande."