Coronavirus: "On s'est trompé sur tout!", le coup de gueule d'Eric Brunet
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Coronavirus, confinement, masques, tests: pour Eric Brunet, il y a quelque chose qui ne colle pas au plus haut de l'Etat. Voici sa lettre ouverte.
"La pénurie de masques, ça continue mesdames, messieurs!
Quand j'entends toutes les fadaises qu'on balance sur le système de soins français, le plus performant du monde: je suis scandalisé! Oui, nous avons des soignants exemplaires, bien sûr, des médecins, des infirmières, des aides-soignants remarquables, aujourd'hui qui sont au front dans le public, comme dans le privé d'ailleurs. Mais enfin les trucs qu'on ânonne sur notre système de soins qui serait le plus performant, c'est absolument scandaleux!
Notre système de soins, c'est le plus coûteux! Mais a-t-il été plus protecteur avec les Français, les soixante-sept millions de Français, que les autres systèmes de soins avec leurs citoyens à eux? Je n’en suis pas du tout, mais alors pas du tout convaincu.
Là, j'ai réalisé il y a deux ou trois jours que Valérie Pécresse s'était substituée justement au système de soins pour commander des masques pour sa région - elle est patronne de l'Ile-de-France - et qu'aujourd'hui pour des raisons bureaucratiques très complexes, les pharmacies n'ont même pas le droit de distribuer gratuitement aux Franciliens, les masques qui ont été commandés par l'Ile-de-France. J'espère que ça va se régler.
J'étais il y a quelques heures en contact avec un hôpital de Levallois-Perret qui a dû supplier l'entreprise LVMH de lui trouver 5000 masques. Et c'est LVMH qui les a fournis à cet hôpital francilien. Alors, du coup, ils ont appelé des entreprises privées qui leur ont également fourni des surblouses.
"Tous ces gens qui se substituent à l'État, qui ne fait pas son travail"
Partout en France, dans mon émission sur RMC, je suis au contact avec des gens qui travaillent dans le secteur médico-social, qui travaillent avec le monde du handicap, avec des infirmières libérales qui n'ont pas de masques ou très peu de masques qui sont obligés de s'approvisionner auprès d'enseignes de bricolage qui parfois les donnent! Donc tous ces gens se substituent finalement à l'État qui ne fait pas son travail.
Quand je me souviens de ce qui se passait sur le plateau de BFMTV où je me trouvais, ou bien sur RMC, il y a quelques semaines, ces ministres, ces députés français qui se moquaient d'une façon assez taquine et espiègle du système de soins italien en disant: "Oui, mais ils ne sont pas bons! Le système de soins est régionalisé" Les arguments à deux balles!
En réalité, quand on regarde, quand on met les deux courbes des morts du coronavirus en face, la courbe française et la courbe italienne, on se rend compte qu'au trentième jour, il y a plus de morts en France qu'en Italie.
Donc, oui, nous sommes assez prompts à donner des leçons mais nous devrions en prendre des leçons, et en prendre non pas de Taïwan qui est souvent montré en exemple ou bien de la Corée du Sud. Non, en prendre d'un autre pays européen juste à côté de nous. Pays qui a 451 kilomètres de frontière commune avec la France. Ce pays, c'est l'Allemagne, 83 millions d'habitants.
L'exemple allemand
Donc les Allemands ont 17 millions d'habitants de plus que nous ils ont quatre fois moins de morts, du coronavirus. Il y a moins de morts du coronavirus en Allemagne qu'en Belgique, c'est absolument incroyable!
Alors comment font-ils? Eh bien voilà, ils ont des hôpitaux de pointe. L'hôpital de la Charité, à Berlin qui, dès le mois de janvier à séquencé le coronavirus. Alors ça a été envoyé dans tous les laboratoires allemands qui ont pu dès le mois de janvier préparer et mettre en fabrication des tests sérologiques. Donc ils sont allés vite. Ils se sont rendus compte que c'était eux-mêmes les Allemands qui vendaient les machines aux Chinois pour fabriquer les masques. Donc, du coup, ils avaient les plans. Ils ont fabriqué des machines et dès la fin du mois de janvier, ils ont pu fabriquer des masques pour leur population. Ça s'appelle un État protecteur. Ça s'appelle une population protégée, quand il y a 5000 morts. Un pays de 83 millions d'habitants et qu'il y en a quatre fois, plus parfois cinq fois plus ailleurs. Oui, là, on se dit que l'État protecteur le système de soins a fonctionné et moi je suis assez admiratif de ça.
D'autant que pendant que les Allemands faisaient cela, nous avions aussi Sibeth Ndiaye, nous avions Olivier Véran, nous avions madame Buzyn, nous avions le directeur Général de la santé, Jérôme Salomon, qui nous répétaient à nous, citoyens français: "Oh, vous savez les tests, c'est inutile, on va arrêter de de tester en phase 3. Ça ne sert à rien les tests."
Et ils nous répétaient également: "Les masques, si vous avez des masques, allez les rendre dans les pharmacies, ça ne sert à rien si on n'est pas malade, ça ne sert à rien". Ils nous répétaient aussi : "Fermer les frontières!" Alors que les Allemands, eux, avaient fermé leurs frontières, avec nous, avec la France. Nous, fermer les frontières avec l'Italie? Mon Dieu, ça faisait vulgaire, ça faisait plouc, "Lepeniste", souverainiste, totalement vulgaire! Non, surtout pas! D'ailleurs, au passage, la frontière avec l'Italie est toujours restée ouverte en France, y compris lorsque l'épidémie était à son comble en Italie.
"Le gouvernement a fait une petite "Paul Reynaud""
Quand je regarde tout ça avec un peu de recul, sur des points essentiels de doctrines de santé, notre système de soins, le meilleur du monde a tapé à côté. À chaque fois. On s'est gouré sur les masques. On s'est gouré sur les tests. On s'est gouré sur les fermetures de frontières. On s'est gouré sur tous.
Mesdames, messieurs, ça, ça ne remet pas en cause l'excellence de nos soignants, mais politiquement là-haut, ils se sont trompés!
Surtout, je me demande d'ailleurs si là-haut ils n'ont pas fait une petite "Paul Reynaud". Vous souvenez Paul Reynaud, lep résident du Conseil sous la troisième République? En juin 1940, Paul Reynaud, au moment où les chars de la Wehrmacht envahissent la France, il dit: "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts!" On a un peu fait ça.
Lorsqu'on a dit: "la France est prête. Nous sommes prêts. Nous avons assez de masques". Je crois que là-haut au gouvernement, on a fait une petite "Paul Reynaud"!"