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"Merci les Français": 700 millions d'euros dépensés par un laboratoire détenu à 100% par l'Etat

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Le Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies a souhaité diversifier son activité. Un changement qui a pesé sur la santé économique du laboratoire. La Cour des comptes a même jugé cette stratégie "défaillante".

Le Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB), détenu à 100 % par l’Etat, le groupe veut se diversifier. Pour cela le groupe, initialement spécialisé dans "la fabrication et la commercialisation des médicaments issus du vivant", a investi dans la biotechnologie.

Sauf que selon un rapport de la Cour des comptes, cette stratégie de diversification est "trop ambitieuse" et les pratiques industrielles du groupe sont "défaillantes".

En 2017-2018, la production du groupe a été perturbée par plusieurs injonctions de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) visant des "déviations" de son processus industriel par rapport aux normes, que le groupe aurait tardé à corriger. Ces déboires ont provoqué une baisse de 5,6% de son chiffre d’affaires en 2017, à 490 millions, tout en gonflant les coûts: le laboratoire a ainsi accusé une perte de 152 millions d’euros.

De plus, malgré près de 700 millions d’euros d’investissements de recherche-développement dans les biotechnologies depuis 2009, le groupe n’a dégagé aucun chiffre d’affaires significatif dans cette activité.

Le rôle de l'État remis en cause

Pire encore, les difficultés financières ont retardé le chantier d’une nouvelle usine du LFB à Arras. Prévue pour 2020, elle est retardée de quatre ans et le financement "n’est plus assuré". L’Etat avait pourtant spécialement procédé à une augmentation de capital de 230 millions d’euros en 2015 pour accélérer la réalisation de ce projet.

La Cour des comptes recommande un désengagement total ou partiel de cette activité et un recentrage sur le cœur de métier du groupe: les médicaments dérivés du plasma. Le rapport remet en cause la pertinence du rôle de l’Etat comme actionnaire à 100% du LFB. Elle plaide pour une ouverture du capital à des minoritaires notamment pour trouver le moyen d’achever la construction de l‘usine d’Arras.

Rémi Barret avec Guillaume Descours