Salaire des footballeurs: "Le football ne fait que redistribuer ce qu'il a créé comme richesses"

"L’économie n’est pas une science morale". Cet adage connu dans le domaine économique, Pierre Rondeau aime beaucoup le citer. Et cet économiste du sport et intervenant régulier sur RMC Sport trouve qu'il est parfaitement adapté à la question épineuse du salaire des footballeurs.
Le journal L'Equipe a dévoilé en détail ce vendredi les salaires des joueurs du championnat de France de football, des chiffres qui peuvent monter jusqu'à 3.1 millions d'euros bruts mensuels pour la superstar du PSG Neymar. Si le salaire moyen se situe aux alentours des 100.000 euros mensuels, Pierre Rondeau estime que la morale n'a rien à faire dans ce débat car le marché existe, et que cet argent n'est généré que par les recettes liées au football.
"Quand on parle de morale on ne fait plus d’économie"
"Économiquement ça se tient parfaitement, économiquement il n’y a rien de choquant car il y a un marché pour cela. Quand on parle de morale on ne fait plus d’économie. Le PSG peut payer ses joueurs de cette façon. D’autant qu’avec le Fair Play financier, les clubs ne peuvent pas dépenser plus que ce qu’ils ne gagnent. Ce serait plus inquiétant si, comme en Espagne dans les années 2000, où la dette sportive du championnat avait dépassé les 5 milliards d’euros, les clubs offraient des salaires avec un argent qu’ils n’avaient pas."
Selon lui, le football ne fait que redistribuer aux acteurs du football l'argent généré par la profession via la billetterie, les produits dérivés et les résultats sportifs.
"Quand on me dit: 'ils sont surpayés c’est indécent', j’ai envie de dire à ces gens-là, 'ne regardez pas le football'. S’il y a autant de personnes qui consomment du football, c’est autant de personnes qui vont regarder la télé, faire de l’audimat, attirer les annonceurs, consommer des maillots et tout ce qui tourne autour du football. Le football finalement ne fait que redistribuer ce qu’il a créé comme richesse. Il n’y a pas de dette, ils dépensent ce qu’ils gagnent."
"Il faut aussi mettre en avant les retombées indirectes pour l’économie locale et les recettes fiscales pour l’Etat"
D'autant que ces joueurs, que certains trouvent "surpayés", doivent également à leur tour "surpayer"... l'Etat. Par le biais de l'impôt sur le revenu et les cotisations patronales, le monde du football rapporte un beau pactole: 1.7 milliards d'euros d'impôts finissent ainsi dans les caisses publiques chaque année !
"Les joueurs rapportent à l’Etat 250 millions d’euros par an en impôt sur le revenu et 340 millions par an en cotisations sociales. Et sur l’ensemble du secteur footballistique en France on a 1,7 milliards d’impôts capitalisés par l’Etat avec 32.000 emplois créés dans le secteur professionnel. Il faut aussi mettre en avant les retombées indirectes pour l’économie locale et les recettes fiscales pour l’Etat."