Va-t-on vers une économie sans "cash"?
Va-t-on vers une dématérialisation totale de l'argent ? Alors que nous utilisons de plus en plus notre carte bleue ou d'autres moyens de paiement virtuels, la question de la fin du paiement en espèces se pose. Cet argent "liquide", physique, n'est évidemment peu apprécié par les gouvernements en raison des paiements au "noir" qu'il permet, excluant les taxes que touchent l'Etat. Et il arrange les banques et autres intermédiaires qui touchent un pourcentage à chaque transaction réalisé virtuellement.
Plusieurs pays ont pris des mesures pour limiter les paiements en cash comme la Suède ou le Danemark, la France va-t-elle bientôt être concernée ?
"Si on interdit complètement le cash nous sommes entièrement dans la main des banques et des Etats"
Philippe Herlin, chercheur en finance, docteur en économie, co-auteur du livre La fin des banques, est un grand partisan du maintien du paiement en cash qui permet d'avoir selon lui une véritable indépendance vis-à-vis des banques et des systèmes étatiques.
"Si on me l'interdisait je considérerais que ce serait une atteinte à ma liberté. Si on interdit complètement le cash nous sommes entièrement dans la main des banques et des Etats et tout peut être tracé. D’autant que la situation financière des banques n’est pas forcément rassurante. On a vu en 2008 une crise qui aurait pu mettre à terre le système bancaire.
Et au contraire, si on interdit le cash ça va booster les cryptomonnaies car en fait c’est du cash sur internet. Et on ne réglera pas le problème."
"On ne va pas vers une économie “sans cash” mais vers une économie “less cash”"
Cyril Chiche, fondateur de l’application Lydia, une application de paiement en ligne et de transferts de fonds entre particuliers, trouve que les peurs des partisans d'un maintien absolu du cash sont exagérées et que le système tend vers une diminution du nombre de transactions en espèces.
"On ne va pas vers une économie “sans cash” mais vers une économie “less cash”. Et il n’y a pas de nécessité à ce que ça disparaisse. Le meilleur exemple étant qu’on est encore en train de vivre avec des chèques qui pour le coup sont littéralement inutiles. C’est pour ça qu’il n’y a pas de raison particulière de fantasmer sur la disparition du cash."