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A Chambon-le-Château, depuis 12 ans, "les réfugiés contribuent au maintien de la vie au village"

VOUS VOULEZ QUE ÇA BOUGE ? – Jusqu'au 6 décembre, date du premier tour des régionales, notre reporter Marie Régnier parcourt la France à la rencontre des électeurs. Aujourd'hui, stop dans un village de Lozère, où on accueille des réfugiés depuis 2003. Les réfugiés ? Un thème mondial qui revient dans ces régionales.

C'est un village du nord de la Lozère, sis entre les collines, à la frontière avec la Haute-Loire. Ici, cela fait 12 ans que l'on a vu arriver des demandeurs d'asile. Rien n'a été imposé à Chambon-le-Château, c'est le maire qui a de lui-même proposé d'accueillir des étrangers, en ouvrant en 2003 un centre de demandeurs d'asile. Le but ? Redynamiser sa commune et lutter contre la désertification.

Ce matin, à l'arrivée de la reporter d'RMC, il pleut des cordes, il fait froid et les rues sont désertes. Il faut trouver refuge au bar, qui trône sur la place du village, en face du monument aux morts. "Au temps qui passe", les clients passent le temps. On se réchauffe autour d'un café ou d'une bière.

"Nous, des Syriens, il y en a trois ou quatre familles ici"

Ici, s'il y a bien un sujet de la campagne des régionales dont ne parle plus, c'est celui de l'arrivée massive de réfugiés en France et en Europe. Les réfugiés ? Cela fait longtemps qu'on s'est habitué à leur présence. Certains ont même du mal à comprendre l'affolement de ces derniers mois, avec la crise des réfugiés et des migrants. "Nous, des Syriens, il y en a trois ou quatre familles ici. Il y a longtemps qu'ils sont là et voilà, c'est rentré dans la vie quotidienne. Migrants ou pas migrants, c'est pareil", explique un client.

Heureusement qu'ils sont là, nous dit en substance un jeune footballeur en herbe, dont la passion le rend étanche aux gouttes… et aux origines. "Il y en a qui viennent de Madagascar, de Syrie, de Kosomo, un truc comme ça". "Kosovo", plutôt – la géographie, c'est moins drôle que le ballon rond. "C'est mes copains quoi ! Sans eux, il n'y aurait pas trop de monde, pratiquement personne" pour lui faire des passes.

"Deux emplois d'enseignants sauvés"

"Regardez, ils sont 7 ou 8 de nationalités complétement différentes, et ils parlent tous en français, c'est magnifique", s'extasie Michel Nouvel, le maire de Chambon devant ce match improvisé. Les réfugiés, ils ne permettent pas seulement de jouer au foot avec les gosses du cru, ils permettent aussi de maintenir en vie l'école du village. "L'école est ce qu'elle est aujourd'hui grâce à ces enfants. Il y a deux emplois d'enseignants qui auraient disparus", sans ces familles venues d'horizons lointains trouver refuge en France.

Et puis ça fait marcher le commerce. Enfin, un peu. "Il y en a qui mangent pas du tout de viande ou très peu, regrette la gérante de la boucherie. Dans la semaine, si ça représente deux ou trois clients, c'est le grand maximum. Donc dire que c'est eux qui nous font vivre, ce n'est pas vrai. Mais c'est toujours ça de pris".

"Les impôts partent pour des gens qui ne travaillent pas"

Bon, tout le monde à Chambon-le-Château n'est pas non plus aussi heureux que le maire de la commune. Au café, on trouve bien des habitants qui, s'ils ne se montrent pas hostiles, sont un peu réticents. "Tous les gens qui se lèvent le matin pour aller travailler, ça les ennuie un peu de voir leurs impôts partir pour des gens qui ne travaillent pas, déclare un habitué. Je trouve que ce n'est pas normal de se dire charitable en faisant venir des gens et en ne leur donnant pas de quoi gagner leur vie". 

Un avis que ne partage pas du tout Michel Nouvel, qui regrette que "certains politiques prennent un malin plaisir à stigmatiser ces gens qui se pointent aux frontières de l'Europe". Il les exhorte à "quitter l'habit de politique" et de "venir sur le terrain voir ce qui se passe réellement". Accueillir des réfugiés, "ce peut être une solution pour le maintien de la vie en milieu rural. Pour le cas de Chambon-le-château, ça contribue au maintien de la vie dans notre village".

Retrouvez notre carte des régionales, pour connaître tous vos candidats.

Philippe Gril avec Marie Régnier