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A La Roche-sur-Yon (Vendée), des trompe-l'œil pour tenter d'enrayer la désertification du centre-ville

Des trompe-l'oeil pour endiguer la désertification du centre-ville de La Roche-sur-Yon (illustration)

Des trompe-l'oeil pour endiguer la désertification du centre-ville de La Roche-sur-Yon (illustration) - BRUNO ISOLDA / AFP

REPORTAGE - Dans une récente étude, Procos, fédération du commerce spécialisé, estime que 8,5 % des boutiques en centre-ville sont inoccupés en 2014 (contre 7,8 % en 2013). C'est le cas à La Roche-sur-Yon (Vendée) où 15 commerces sur 478 sont vacants. Alors pour tenter de redynamiser la ville, une idée originale a été mise en place: créer de fausses vitrines.

"Bail à céder", "À vendre", "Locaux disponibles": rideaux baissés, boutiques à vendre, rues piétonnes de plus en plus vides… L'image est malheureusement de plus en plus fréquente: les centres-villes se vident de leurs commerces. Ainsi, selon une récente enquête de la Pocros (la Fédération pour l'urbanisme et le développement du commerce spécialisé), en 2014, la proportion de magasins vides a atteint 8,5% en moyenne dans les 300 plus grandes villes de France, contre 7.8% en 2013.

Plus précisément, selon cette étude, le taux moyen de vacance commerciale ne dépasse pas 6,8 % dans les métropoles de plus de 500.000 habitants, mais atteint 10,2% dans les villes de 50.000 à 100.000 habitants. Béziers dans l’Hérault (24%), Vierzon dans le Cher (23,4%) et Calais dans le Pas-de-Calais (20,7%) occupent les trois premières places de ce sinistre podium. La Roche-sur-Yon en Vendée n'échappe pas à ce phénomène.

"Cela fait moins ville morte"

Dans cette ville de 110.000 habitants, 15 commerces sur 478 sont vacants. Alors pour tenter d'enrayer cette spirale et rentre son centre-ville plus attractif, la municipalité a eu une idée un peu originale: créer de fausses vitrines. Embauchée en tant que "city manager", Gaela Péraldi à l'origine de ce concept s'explique: "Ce sont des trompe-l'œil de magasins. En clair, on a imagé une fausse librairie, des fausses épiceries et même un faux pub".

Ainsi, depuis le mois de décembre, un immense trompe-l'œil de personnes prenant un verre, accoudées au comptoir, a été dressé dans le centre-ville de La Roche-sur-Yon. Et cela semble fonctionner puisque Gaela Péraldi l'assure "avoir un bon retour de la population. Les gens trouvent cela très gai et très dynamique". Ce que confirme cette habitante: "Cela fait joli, cela fait moins ville morte". "C'est plus joli que de voir un fond de magasin avec des étagères poussiéreuses, appuie cette jeune femme".

"Deux commerces vont rouvrir"

Au total, depuis un mois, sept commerces vacants ont ainsi été "rhabillés" d’images en trompe-l’œil, pour un coût estimé à 12.000 euros. Et ça attire déjà des investisseurs comme le certifie Luc Bouard le maire LR de la ville: "Cela fonctionne puisque nous avons deux commerces qui vont ouvrir dans les vitrines vacantes. Cela donne envie aux gens d'ouvrir leur commerce et cela marche".

Toutefois une quinzaine de commerces demeurent encore vacants dans le centre-ville. Et il faudra de toute façon s’y habituer selon Yannick Retailleau, président de l’Association des vitrines du centre-ville de La Roche-sur-Yon: "On ne voit plus personne, il n'y a plus de fréquentation. Tout le monde se rend désormais dans les centres commerciaux en périphérie parce que le parking est gratuit".

Et celui-ci d'ajouter, pessimiste: "Il faut assimiler le fait que 20 à 30% des commerces ne passent pas le cap des trois ans. C'est la conjoncture économique actuelle qui veut ça. C'est un phénomène auquel il faut malheureusement s'habituer car maintenant c'est la règle".

Maxime Ricard avec Amandine Dubiez