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"On ne résume pas la Justice à la haine": Éric Dupond-Moretti réagit à la condamnation de Nicolas Sarkozy

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Il faut avoir la "preuve" que les "magistrats ne sont pas intègres", met en garde l'ancien garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, à propos des réactions à la condamnation de Nicolas Sarkozy. "Il a interjeté appel, il expliquera en quoi sa situation judiciaire est une violation de l’État de droit", commente-t-il.

"Nicolas Sarkozy a interjeté appel, il est présumé innocent", souligne d'emblée ce dimanche sur RMC l'ancien ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. Dans une interview au JDD, l'ancien président de la République considère que l'Etat de droit a été "violé" au regard de sa condamnation à 5 ans de prison assortie d'une exécution provisoire, ce qui signifie qu'il sera bientôt incarcéré. Cette peine a été prononcée dans le cadre de l'affaire du financement supposé lybien de sa campagne présidentielle de 2007.

"Il a interjeté appel, il expliquera en quoi sa situation judiciaire est une violation de l’État de droit. La meilleure façon de contester une décision de justice est d'user des voies de recours", commente donc l'ancien garde des Sceaux d'Emmanuel Macron, de 2020 à 2024.

"Je comprends qu’il ait envie de s’exprimer : il a une caisse de résonance médiatique dont ne dispose aucun justiciable dans ce pays. Il est ancien président et c’est un séisme", considère Éric Dupond-Moretti au micro d'Anaïs Matin.

Il faut avoir "la preuve" que les "magistrats ne sont pas intègres"

Toutefois, celui qui publie Juré craché aux éditions Michel Lafon - dans lequel il raconte ses quatre années place Vendôme - met en garde surle fait de "personnaliser les choses". "Soit on a la preuve que les magistrats ne sont pas intègres, et dans ce cas on utilise toutes les voies de recours, et le cas échéant on dépose une plainte. Soit on n’a pas la preuve, et quand même, attention à ce qu’on n’aille pas vers une dérive qui serait insupportable."

L'invité du jour : Éric Dupond-Moretti - 28/09
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L'avocat pénaliste poursuit: "La mauvaise foi ne se présume pas. Nicolas Sarkozy dit avec émotion ce qu’il croit devoir dire mais on ne peut pas résumer la Justice au fait d'être syndiqué ou à la haine. Ce n'est pas possible ou alors on le démontre", souligne-t-il.

Car l'ancien président de la République, à la sortie de l'audience, jeudi, a tenu ses propos: "La haine n’a donc décidément aucune limite. (...) Ceux qui me haïssent à ce point pensent m’humilier. Ce qu’ils ont humilié aujourd’hui, c’est l’image de la France."

"La même dialéctique que Marine Le Pen"

Pour rappel, le parquet de Paris a ouvert deux enquêtes après les menaces de mort proférées à l'encontre de la juge qui a condamné Nicolas Sarkozy. "C’est la même dialectique que celle qu’a utilisée Marine Le Pen, qui elle aussi a mis en cause la présidente de la juridiction qui a prononcé sa condamnation (cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire pour détournement de fonds publics, NDLR) en disant qu’en réalité elle était suspecte parce qu’elle avait raconté, dans une émission il y a très longtemps, qu’elle avait eu la vocation de devenir magistrate en voyant un reportage sur une collègue, Eva Joly", fustige l'ancien ministre de la Justice.

"Le garde des Sceaux qui critique une décision de justice a tort"

Ce dernier le martèle, il "faut préserver l'indépendance de la Justice". Et si Gérald Darmanin a selon lui "toutes les qualités", son ancien camarade au gouvernement le prévient: "Le garde des Sceaux qui critique une de décision de justice, il a tort." L’État de droit, c’est important, c’est quelque chose qui doit protéger les citoyens contre l’arbitraire", professe celui qui ne se voit pas revenir "tout de suite" dans la politique mais pourquoi pas "demain ou après-demain".

Léo Manson