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A Lyon, le maire Gérard Collomb en guerre contre le PS

La bataille électorale se joue dans la 1re circonscription de Lyon au sein du Parti socialiste, avec pour acteur central le sénateur-maire de la ville Gérard Collomb, qui s'est engagé contre Philippe Meirieu, candidat écologiste désigné par la hiérarchie

La bataille électorale se joue dans la 1re circonscription de Lyon au sein du Parti socialiste, avec pour acteur central le sénateur-maire de la ville Gérard Collomb, qui s'est engagé contre Philippe Meirieu, candidat écologiste désigné par la hiérarchie - -

par Catherine Lagrange LYON (Reuters) - La campagne pour les élections législatives à Lyon illustre l'ampleur du malaise provoqué par l'accord...

par Catherine Lagrange

LYON (Reuters) - La campagne pour les élections législatives à Lyon illustre l'ampleur du malaise provoqué par l'accord électoral conclu le 15 novembre dernier entre socialistes et écologistes, qui est contesté au niveau local par de nombreux ténors du PS.

La bataille électorale se joue dans la 1re circonscription de la ville au sein du Parti socialiste, avec pour acteur central le sénateur-maire de la ville Gérard Collomb, qui s'est engagé contre le candidat désigné par la hiérarchie du PS.

Le maire de Lyon fait campagne au quotidien pour son adjoint aux Sports, le radical Thierry Braillard, un avocat de 48 ans qu'il a juré de faire élire face à Philippe Meirieu.

Dans le cadre de l'accord PS-EELV, qui prévoit de réserver 60 circonscriptions aux écologistes, cet universitaire de 62 ans, membre d'Europe Ecologie-Les Verts, a bénéficié de l'investiture socialiste. Depuis c'est la guerre.

Dès la signature de l'accord, le maire de Lyon s'était élevé, comme de très nombreuses personnalités du PS, contre cette investiture considérée comme une gifle personnelle infligée par la première secrétaire du PS Martine Aubry.

Gérard Collomb avait soutenu François Hollande lors de la primaire socialiste en vue de l'élection présidentielle et les maires de Lyon et Lille ne s'apprécient guère.

"KHMERS VERTS"

"Je me suis toujours battu contre les Khmers rouges, je ne plierai pas aujourd'hui devant les Khmers verts", avait alors lâché Gérard Collomb. Il reproche surtout à l'appareil de lui avoir envoyé un candidat hostile à sa politique.

"Si on m'avait proposé un écologiste en sympathie avec la politique municipale, je l'aurai accepté, mais là, quelqu'un qui vote contre tous les grands dossiers d'aménagement de l'agglomération, je dis non!".

Depuis, il fait de cette législative une question de principe au point d'y engager sa crédibilité.

"Thierry Braillard, c'est le candidat du maire de Lyon", répète-il chaque jour sur le terrain. "Si vous être satisfaits de la politique municipale, si vous voulez que ça continue, alors votez pour nous."

La confusion est entretenue aussi par le matériel électoral.

Les affiches et les tracts de Thierry Braillard le présentent comme "le candidat de la majorité présidentielle" et on le voit poser dans la cour de l'Hôtel de Ville aux côtés de François Hollande.

Ses bulletins de vote ont été imprimés en rouge, avec le signe PS et le logo du poing et de la rose. Au quotidien, la quasi totalité des élus socialistes, radicaux, écologistes et centristes de la majorité municipale font campagne pour lui.

Pour s'assurer de la légalité de ses méthodes, Thierry Braillard s'est entouré d'une demi-douzaine d'avocats. La justice a néanmoins été saisie en urgence par le PS afin de lui interdire l'utilisation du sigle PS ainsi que du poing et la rose. Mais lundi, six jours avant le premier tour, le TGI de Lyon, s'estimant incompétent, a débouté le plaignant, laissant tranquillement le candidat du maire poursuivre sa campagne.

EXCLUSIONS

Sa suppléante, Gilda Hobert, a bien été exclue du PS. Mais il en faut plus pour intimider Gérard Collomb, qui doute fort d'être inquiété. "Si on veut exclure tout le monde, on décapite le PS. L'histoire du socialisme à Lyon, c'est moi!".

Le député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit a même essayé d'intervenir pour tenter de calmer le jeu.

"Je suis déçu par Collomb, j'ai envie de lui dire: 'il faut que tu te reprennes, reprends-toi Gérard'", a-t-il déclaré lundi dans le quotidien régional Le Progrès.

Philippe Meirieu, l'écologiste officiellement investi par le PS, est dépité par le tour que prend cette campagne.

Lui qui s'était lancé en politique en 2008 à l'occasion des régionales pour "faire de la politique autrement", constate l'impossibilité de faire émerger un véritable débat de fond.

"La campagne se polarise sur les rivalités entre deux candidats, c'est dommage pour les électeurs", déplore-t-il. "Il y a tromperie, la confusion est entretenue sur les candidatures et c'est regrettable. Les gens se posent des questions."

Le seul qui se réjouisse de cette situation est le député UMP sortant Michel Havard. A 45 ans, celui qui est également leader de l'opposition municipale et brigue le siège de maire de Lyon, observe ce duel sans bouder son plaisir.

Dans cette circonscription qui n'a donné que 46% à Nicolas Sarkozy le 6 mai dernier, cette guerre interne à la gauche pourrait faciliter sa réélection.

Edité par Yves Clarisse

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