A Orlando, les musulmans vivent dans la crainte de représailles

- - AFP
Dans la foulée de la fusillade d'Orlando, le candidat républicain à la Maison blanche, Donald Trump avait proposé de suspendre l'immigration en provenance de régions du monde "ayant un passé avéré de terrorisme". Il avait également insinué que le président américain avec des sympathies pour l'idéologie islamiste. Barack Obama a réagi vivement à ces propos, mettant en garde contre un état d'esprit dangereux.
Dans le contexte actuel, les propos du magnat de l'immobilier attisent la haine. A Orlando, la communauté musulmane vit dans la crainte de représailles. L’imam Mohamed Nour a déjà reçu des messages inquiétants sur son téléphone portable: "Quittez les Etats-Unis maintenant! Vous êtes Satan, vous êtes le diable!"
"Ça me fait mal"
Des messages que Mohamed Nour n’arrive pas à oublier: "Ça me fait mal bien sûr. Et encore plus quand j’entends un candidat à la présidentielle dire presque la même chose sur l’islam".
A l’heure de la prière, en plein après-midi, les mosquées d’Orlando restent vides ces derniers jours. Des appels à la prudence ont été lancés par les responsables musulmans. "Spécialement pour les femmes qui portent le voile, elles doivent moins sortir seules, nous ne voulons pas qu’elles soient prises pour cibles", explique Mohamed Marsi de l'association des musulmans de Floride.
A 200 km de là, à Fort Pearce, la ville où résidait Omar Mateen, le tueur d'Orlando, les musulmans subissent aussi la haine. "Allez crever, putain de sacs à merde!" La phrase est lancée d'un pick-up, qui passe devant l'Islamic Center de Fort Pierce, ce bâtiment qui était auparavant une église et en a encore l'allure.
Des insultes fusent des voitures
A mesure qu'arrivent les fidèles, coups de klaxon et insultes fusent des voitures, à intervalle assez régulier, du "Mort à Mahommet!" jusqu'au "putain de cochons!" La rupture du jeûne, en pleine période de ramadan, amène les fidèles à rester à la mosquée quasiment jusqu'à minuit. Par précaution, ils se réunissent à l'heure du départ et ne sortent du bâtiment que groupés, explique Bedar Bakht.
"Dans deux semaines, les choses rentreront dans l'ordre", prévoit-il. "Mais pour l'instant, c'est nouveau. Des gens (non musulmans) appellent (le numéro de la mosquée) et laissent des messages stupides." "Nous sommes des gens tranquilles. Nous n'avons jamais eu de problèmes. Mais à cause de ce que ce type a fait, nous avons honte", lance, amer, un homme d'une cinquantaine d'années.