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A Sarcelles, polémique autour d'un clip de rap: "C'est de la haine qui en ressort"

Des liasses de billets entre les mains, une arme à feu (factice ?), l'apologie de la violence, du sexe et de la drogue, le clip des "bébés-rappeurs" (le chanteur le plus âgé doit avoir à peine plus de 14 ans) dérange. Reportage à Sarcelles (Val d'Oise) où la vidéo a été tournée.

"On te canarde, y'a pas de pitié, on vise pas les ieps (pieds), on vise la teuté (tête)" ; "Ici c'est la street, toujours à faire du fric (…) Ramène les taspés (pétasses), c'est sans pitié, on t'allume au mortier"; "On est là pour faire des dégâts, dans mon équipe y'a que des chacals". Entre paroles violentes, arme et billets exhibés, pendant cinq minutes, une douzaine de "bébés rappeurs" de Sarcelles (Val d'Oise) se mettent en scène dans un clip reprenant tous les clichés du rap. Mais ce morceau du groupe "Sarcelleslite", vu déjà plus de 110 000 fois, dérange.

"C'est de la haine, ce n'est pas autre chose qui en ressort. Si ce phénomène a toujours existé, le problème c'est que c'est de plus en plus jeune. C'est choquant", assure sur RMC cet habitant, sidéré à la vue de ces images. Son ami, qui vit depuis 22 ans à Sarcelles, va encore plus loin: "Un enfant de 12 ans qui parle de manière aussi crue, c'est dégueulasse. Moi j'ai un gosse de 12 ans, je fais attention, je ne le laisse pas sortir. A mon avis, c'est de la responsabilité des parents, c'est de l'éducation. Il faut peut-être revoir la base…"

"Je trouve que c'est très grave"

Y a-t-il un ou des responsables qui ont poussé les enfants à faire ce clip ? Oui affirme Thierry Mazé, secrétaire régional du syndicat de police Alliance : "L'enquête déterminera l'auteur qui se trouve derrière la caméra, qui a incité des mineurs de 8, 9 ou 10 ans à tenir de tels propos violents, a exhibé une arme, des billets… Je trouve que c'est très grave". François Pupponi, le maire socialiste de Sarcelles, se dit persuadé, dans Boudin Direct, "que cette vidéo n'a pas été faite par des amateurs. Je suis sûr que derrière il y a des adultes qui s'en sert, qui l'utilise et gagne de l'argent avec. Or on ne peut plus continuer à accepter que des ados soient utilisés comme ça et qu'on leur demande devant une caméra de dire tout en n'importe quoi."

En revanche, pour Olivier Cachin, journaliste spécialiste du rap, au contraire il n'y a rien de dramatique dans cette vidéo: "En fait, ils reprennent les codes du rap de cité. Je comprends qu'on puisse être choqué si on ne voit pas que ce sont des gamins qui s'amusent. On voit bien que c'est très enfantin, ils sont morts de rire, ils ont l'impression de faire une bonne blague". Une blague qui pourrait tout de même avoir des conséquences puisque une enquête est ouverte pour déterminer si des poursuites pénales peuvent être engagées.

Maxime Ricard avec Gaëtan Delafolie