Accident d'un TGV d'essai: "Pourquoi y avait-il des invités sur ce genre de rame?"

- - AFP
Trois mois après l'accident d'une rame d'essai de TGV qui a fait 11 morts en Alsace les familles des victimes attendent des réponses.
Ce dramatique accident est presque passé inaperçu. Le lendemain des attentats de Paris et Saint-Denis, un train effectuait un essai sur la ligne à grande vitesse destinée à relier Paris à Strasbourg en 1h48. Il a déraillé au niveau d'Eckwersheim. Sur les 53 passagers, 11 ont perdu la vie.
265 km/h au lieu de 176 km/h
L'enquête judiciaire est en cours. A ce jour, deux rapports ont été publiés. La SNCF et le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) arrivent à la même conclusion. La vitesse serait la cause unique du déraillement. À l'entrée d'un virage, le train a été enregistré à 265 km/h au lieu de 176 km/h normalement. C'est là qu'il a déraillé. Seul le conducteur du train rescapé conteste cette version.
Après le choc et le deuil, les victimes et leurs familles veulent désormais comprendre. Me Gérard Chemla représente trois victimes, deux employés de Systra (filière SNCF) dont un décédé ainsi que la compagne d'un salarié, il veut de véritables réponses: "La vraie crainte ce serait un problème de transparence dans l'information. Il est essentiel que dans les mois à venir, la SNCF nous démontre une transparence totale et que l'on ne puisse pas se poser comme lors d'une autre affaire, la question de choses qui seraient souterraines ou anormales. J'espère que nous n'aurons pas les errements que nous constatons dans le dossier de Brétigny".
Un trajet dangereux?
Car beaucoup de questions restent en suspens: "Si ce trajet est un trajet dangereux et qu'un certain nombre de dispositifs, notamment de freinage automatique qui sont prévus lors de la circulation en mode commercial ne sont pas activés dans la rame d'essai, si ces protections ne sont pas appliquées pendant les trajets d'essai, pourquoi y a-t-il des invités qui sont des gens qui n'ont pas vocation à se trouver sur ce genre de rame?", s'interroge Me Sophie Sarre, avocate de la famille de Fanny, décédée dans l'accident.
La SNCF a prévu une réunion le 5 mars avec les familles pour faire le point sur les circonstances de l'accident.
Depuis plusieurs semaines, la SNCF est mise en cause pour un manque de zèle caractérisé dans le cadre de l'enquête sur l'accident de Brétigny, le 12 juillet 2013, qui avait fait 7 morts. La reprise estimée des essais n'est pas fixée, en revanche la mise en service de la ligne est prévue pour le 3 juillet.