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"J’ai été traînée par les cheveux": les violences contre les médecins en hausse de 26% en un an

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Les violences visant médecins sont en hausse de 26% sur un an. Près de 2.000 incidents ont été déclarés selon l'Ordre des médecins avec un niveau record d'agressions verbales et de menaces.

Les violences contre les médecins sont en hausse de 26% en un an. Agressions physiques ou verbales, vols, vandalisme… Près de 2.000 incidents ont été déclarés par les médecins l'an dernier. Ces agressions ont même doublé depuis trois ans selon l'Observatoire de la sécurité du Conseil de l'ordre de médecins qui a publié lundi un rapport sur le sujet.

Les agressions verbales et menaces dominent, avec un niveau record depuis une dizaine d'années. Des incidents qui se déroulent majoritairement en ville puisque plus d’un incident sur deux, se produit en milieu urbain.

Dans les Bouches-du-Rhône, les agressions ont plus que doublé en un an. Près de Marseille, Catherine, 63 ans, a été victime de violences en 2023 de la part d’une patiente à qui elle a refusé de faire une ordonnance.

“J’ai reçu des coups-de-poing, des coups de pied. J’ai été traînée par les cheveux. Une agression horrible”, témoigne-t-elle.

Les médecins généralistes principales victimes

En 2024, elle subit de nouveau des insultes. Elle travaille depuis à temps partiel :

“Même si j’aime ce métier comme jamais, je ne vais pas mourir pour ce métier. On est avec des gens très agressifs qui sont menaçants. Manque de respect, on leur doit tout, remise en cause de beaucoup de choses. J’ai aussi été confronté à des falsifications d’ordonnance, donc c’est aussi très difficile”, témoigne-t-elle.

D’après le rapport du Conseil de l’ordre, les falsifications de documents, des arrêts de travail ou des ordonnances rédigées par les patients eux-mêmes, ont triplé. Mais pour toutes les violences dont ils sont victimes, peu de médecins portent plainte. Plus d’un sur deux n’engage aucune démarche juridique après avoir subi une agression.

De son côté, l'ordre des médecins parle non plus "d'accidents" mais d'un "problème structurel". D'autant que l'observatoire s'appuie sur des déclarations de soignants. Les chiffres pourraient donc être sous-évalués. Les trois-quarts de ceux qui déclarent subir des violences sont des médecins généralistes. Mais le risque s'étend: des incidents sont remontés également par des psychiatres, des cardiologues ou des urgentistes essentiellement en ville.

La plupart du temps, ce sont des insultes, des menaces voire des agressions physiques. 32% des violences suivent des reproches sur la prise en charge et 17% un refus de prescription par le soignant.

Lionel Dian et Louise Sallé avec Guillaume Descours