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Affaires de pédophilie dans l'Eglise: "On doit avoir toujours plus de vigilance, de prudence"

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Alors que les affaires de prêtres pédophiles s'accumulent dans le diocèse de Lyon et que le cardinal Philippe Barbarin se retrouve dans la tourmente, Monseigneur Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise et chargé des questions de pédophilie à la Conférence des évêques de France, était l'invité de RMC ce mercredi.

Une nouvelle plainte visant le cardinal Philippe Barbarin a été déposée en février concernant des actes remontant au début des années 1990et commis par un prêtre toujours en activité à Lyon, le père Jérôme Billioud. Cette plainte, déposée par une personne haut placée au ministère de l'Intérieur, vise des faits de "mise en danger de la vie d'autrui et provocation au suicide". Elle fait suite à une première plainte déposée en 2009 à l'encontre du prêtre, classée sans suite par la justice pour cause de prescription.

Le cardinal Barbarin est déjà fragilisé par l'affaire Bernard Preynat, du nom de ce prêtre mis en examen fin janvier pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts lyonnais entre 1986 et 1991. Ce dernier est resté en activité jusqu'au 31 août 2015, après avoir été relevé de ses fonctions. Invité ce mercredi dans Bourdin Direct, Monseigneur Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise et chargé des questions de pédophilie à la Conférence des évêques de France, a tenu à rappeler que "ces affaires-là sont terribles, les blessures sont durables. Autant on peut parler de prescriptions des délais, autant il n'y a pas de prescription morale".

"Confiance en la justice"

"Cependant, il est important de dire que ces faits sont extrêmement anciens, à une époque où le cardinal Barbarin n'était pas encore évêque de Lyon, mais depuis 2000 les questions de pédophilies sont prises en charge par l'Eglise avec une déclaration unanime de tous les évêques, condamnant ces actes, rappelle-t-il. Il faut aussi bien souligner, et le cardinal Barbarin l'a bien rappelé, que nous faisons confiance en la justice pour qu'elle fasse son travail".

"Depuis 2000, et cela est très, très clair, quand l'Eglise est au courant de tels faits, elle demande systématiquement aux victimes ou leurs familles de porter plainte, ajoute encore Mgr Lalanne. On demande aussi aux prêtres ce se présenter de lui-même au procureur et, s'il ne le fait pas, nous faisons nous-mêmes le signalement. Que les choses soient bien claires même si, il est vrai, sur les faits plus anciens, c'est, de fait, plus complexe".

"Il a reconnu qu'il avait pu se tromper"

Mais, si effectivement les faits sont anciens et aujourd'hui prescrits par la justice, la grande question est de savoir si Philippe Barbarin, en tant que Primat des Gaules, a été tenu au courant de ses faits et quand. Donc de savoir s'il savait que des prêtres (deux pour le moment) avaient commis des actes pédophiles. A ce sujet, Mgr Lalanne rappelle que, ce mardi lors de sa conférence, "le cardinal Barbarin a reconnu qu'il avait pu se tromper en croyant ce prêtre qui lui avait assuré qu'il n'avait pas commis d'actes de pédophilie. Il y a peut-être une erreur mais c'est à la justice de faire ce travail de vérité".

L'évêque de Pontoise insiste: "Depuis quinze ans, un immense travail a été fait au sein de l'Eglise de France. On ne peut le contester. En mars et novembre dernier, nous avons encore retravaillé sur ces questions. Nous en avons conclu qu'il fallait resensibiliser, former. On doit avoir toujours plus de vigilance, toujours plus de prudence, continuer à former les éducateurs de la foi car il y a encore beaucoup de travail devant nous. En particulier du côté de l'écoute et de l'accueil des victimes".