Agression à Créteil : "On est en train de bafouer la présomption d'innocence"

L'agression s'est déroulée dans le quartier du Port, à Créteil. - Capture Street View
C'est la principale interrogation de cette terrible agression : s'agit-il d'un acte antisémite ou non? Lundi, vers midi, trois individus ont fait irruption dans un appartement familial de Créteil (Val-de-Marne). Ils ont ligoté Jonathan (21 ans) et sa petite amie (19 ans). Pendant plus d'une heure, ils les ont frappés et ont également violé la jeune femme. Ils ont dérobé bijoux, argent liquide et carte bleue avant de prendre la fuite. Pendant ce cambriolage, les agresseurs partaient de l'idée qu'être juif, c'était avoir de l'argent : "Vous les juifs, vous avez forcément du pognon" ou "Vous êtes juifs, votre argent n’est pas à la banque, vous le cachez ici".
"Ils sont où les vieux juifs?"
Ce jeudi sur BFMTV, l'une des victimes, Jonathan, 21 ans, a raconté le "cauchemar" qu'il a vécu ce jour-là. Pour lui, cette agression "n'est pas un hasard, c'était ciblé". "Ils m'ont lancé: "On vous a déjà surveillés, on n'est pas là pour rien. De toute façon, les juifs, vous avez de l'argent chez vous, vous ne le mettez pas à la banque..." Je leur ai dit que c'était n'importe quoi, mais ils ont continué en me disant qu'ils nous surveillaient, qu'ils connaissaient les habitudes de sorties de ma mère. Ils parlaient de mes parents en disant "Ils sont où les vieux juifs?"
Samuel, le frère de Jonathan, revient pour RMC sur cette terrible agression. "Ils les ont ligoté, ils ont pointé des armes sur leurs têtes. Ils ont demandé : "où étaient les vieux juifs ?", en parlant de mes parents. Et aussi : "Où vous cachez l’argent, car comme vous êtes juifs, forcément vous cachez de l'argent !". Ils ont attendu plus d'une heure que mes parents et moi rentrions". Il en est persuadé : ces violences sont "à caractère antisémites".
"Je crains que la justice ne puisse travailler sereinement"
Ce mercredi, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a lui aussi considéré comme "avéré" le "caractère antisémite" de l'agression. Il a rappelé la "détermination" gouvernementale "à lutter sans relâche contre toute forme de racisme et d'antisémitisme". Mais, sur RMC, Me Marie Dosé, l'avocate de l'un des deux jeunes hommes interpellés, dénonce l'empressement du ministère de l'Intérieur à parler dès hier matin d'antisémitisme.
Selon elle, "on est dans l'exploitation d'un fait divers". Elle s'en explique : "Le ministère de l'Intérieur a évoqué le caractère antisémite d'une agression avant même que le Procureur de la République ne la qualifie donc c'est un petit peu gênant". Dès lors, elle estime "qu'on est en train de bafouer la présomption d'innocence" et dit "craindre que la justice ne puisse pas travailler sereinement et en toute indépendance face à une telle pression".