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Agression à l'acide au collège: "On ne se sent pas en sécurité"

Au collège Romain Rolland (Ivry-sur-Seine), la situation est plus que tendue (illustration)

Au collège Romain Rolland (Ivry-sur-Seine), la situation est plus que tendue (illustration) - FRANK PERRY / AFP

Les cours sont suspendus depuis ce lundi matin au collège Romain Rolland, à Ivry-sur-Seine. Les enseignants exercent leur "droit de retrait" après le jet d'une bouteille d'acide vendredi dernier dans une classe.

Vendredi dernier, au collège Romain Rolland d'Ivry-sur-Seine, une classe de 3ème était en cours de mathématiques lorsqu'une bouteille contenant de l'acide chlorhydrique a été lancée en direction de l'enseignante. Quatre personnes ont été transportées à l'hôpital, certaines incommodées par le gaz irritant. Si le pire a été évité, les professeurs constatent que le degré de violence a encore franchi un cap dans ce collège qui traverse de gros problèmes depuis qu'il n'est plus en Zone prévention violence (janvier 2015). C'est pourquoi les enseignants ont décidé depuis lundi d'exercer leur droit de retrait comme signe "d'alarme". Sur place, RMC a rencontré élèves et professeurs qui se disent tous à bout.

"Les conséquences auraient pu être très graves"

A cause de l'explosion, Coline souffre toujours de maux de tête. Cette enseignante n'est pas prête d'oublier son cours de maths cauchemardesque: "La porte s'est entrouverte et on a vu un bras jeter une bouteille en l'air dans la salle de classe. J'ai entendu les élèves crier, je me suis retournée, ils étaient tous plaqués contre le mur. Puis, ça a explosé projetant un liquide très noir sur les tables et l'armoire à côté. Il y avait aussi de la fumée… Les conséquences auraient pu être très graves…"

Et ce n'est pas un acte isolé. En classe, dans les couloirs, le climat se dégrade. "On a peur à chaque fois de se prendre des claques, des baffes… Ça fait très, très peur dans le collège", déplore Célia, élève en 5ème. Et son amie Nourane d'aller plus loin: "On avait l'habitude de bagarres, des petits pétards dans le collège… Il y a même eu des voitures cassées. Mais une bombe avec de l'acide, c'est nouveau. On ne sent pas en sécurité".

"On demande le placement de l'établissement en REP"

Débordés, les représentants du corps enseignant réclament plus de sécurité. "On demande le placement de l'établissement en REP (Réseau éducation prioritaire) mais aussi des moyens supplémentaires pour prendre en charge les difficultés scolaires d'élèves qui décrochent, qui sont absentéistes parce qu'ils n'y arrivent pas. Pour le moment on nous répond 'Vous n'aurez rien parce que vous êtes un collège banal' mais c'est loin d'être le cas", affirme cette professeur.

Depuis lundi et pour quelques jours seulement le rectorat a envoyé une équipe mobile de sécurité pour patrouiller dans l'établissement. En attendant, les professeurs continuent d'exercer leur droit de retrait et réclament aussi un rendez-vous de toute urgence avec la ministre de l'Education nationale.

Maxime Ricard avec Pauline Baduel