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Agriculteurs en colère: "On crie au secours mais les politiques ne nous entendent pas"

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TEMOIGNAGES - A l'occasion de la rencontre entre le gouvernement et le président de la FNSEA, Xavier Beulin, les agriculteurs redescendent dans la rue et promettent une journée noire ce mardi. Mais, un certain nombre d'entre eux, interrogés par RMC, ne se reconnaissent plus dans ce genre d'action et souhaitent cibler directement les politiques.

Les agriculteurs redescendent dans la rue ce mardi. Alors que dans la matinée, François Hollande reçoit Xavier Beulin, président de la FNSEA (fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) en présence de Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, le conflit avec les agriculteurs s'enlisent. De nouvelles actions sont en effet prévues aux quatre coins du territoire. La FDSEA de Moselle va par exemple lancer l'opération "Campagne en feu" : "la paille brûlera sur les ronds-points". Mais, certains agriculteurs estiment que ces actions ne mènent plus à rien et souhaitent faire les choses autrement.

"Les politiques ont quitté le navire"

C'est le cas de Matthieu, producteur de lait dans la Manche depuis 20 ans et ancien leader syndical qui a été de toutes les manifestations. Aujourd'hui, il ne se reconnaît plus dans ces actions comme il l'explique à RMC: "En ce moment, on donne une mauvaise image de l'agriculture. On va brûler, casser pour des millions d'euros. On va emmerder le concitoyen qui ne va pas pouvoir aller bosser. Et, après, on va lui demander d'aller acheter nos produits dans les grandes surfaces alors qu'on les emmerde matin, midi et soir ! Ce n'est pas possible."

Avec certains de ces collègues, ils réfléchissent donc à des actes plus ciblés. En ligne de mire: les politiques. "Ils ont leur part de responsabilités puisqu'ils ont déserté le navire. Les rats ont quitté le navire, s'emporte cet agriculteur. Il faut donc exercer une pression pour que les politiques reprennent la main". Un autre d'assurer: "On crie au secours mais ils ne nous écoutent pas. C'est pourtant eux qui votent les lois et qui nous mettent dans cette situation-là".

"Sachons organiser notre colère"

Occuper les permanences des élus, les interpeller à l'Assemblée… Yves a beaucoup d'idées. "Certes, on n'est que 17% d'agriculteurs à bac +, mais il y a quelques pourcentages à bac +++. On est donc capables de réunir un certain nombre de compétences et d'aller proposer des choses, dit-il, déterminé. Il faut aller voir nos élus, leur proposer des textes de lois cohérents. Il faut en définitive changer de braquet".

"Aller brûler du goudron, casser du matériel urbain que de toute façon, indirectement, nous allons tous payer, je dis non ! Il faut cibler ceux qui sont acteurs: à savoir ceux que l'on élit, juge cet autre éleveur. Il faut s'adresser directement aux politiques en menant des actions systématiques, des actions sur les biens privés et plus s'ils ne veulent pas d'un moratoire sur l'agriculture. On peut comprendre la résignation d'un côté, la colère de l'autre mais sachons organiser notre colère".

Maxime Ricard avec Pauline Baduel