Annonces de l'Église contre la pédophilie: "Mieux vaut tard que jamais !"

L'Église de France, embourbée dans des affaires de pédophilie dans le diocèse de Lyon, réagit. Le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Monseigneur Georges Pontier, a annoncé mardi une série de mesures pour mieux lutter contre la pédophilie dans l'Église : mise en place de "cellules d'accueil et d'écoute" dans les diocèses, création d'un site Internet, et mise en place d’une "commission nationale d'expertise indépendante".
"Nous voulons aller au-delà de la justice", a expliqué ce mercredi chez Jean-Jacques Bourdin le porte-parole de la Conférence des évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas (à voir en vidéo ci-dessus). "Les évêques sont très liés aux prêtres, c'est normal, et ils ont besoin d'un regard extérieur pour savoir si les décisions qu'ils ont prises ont été les bonnes. Cette commission devra nous dire si tel prêtre peu exercer tel ministère, ou s'il ne doit impérativement plus en exercer".
"Pas besoin d'une conférence de presse pour mener une action"
"C'est un bon début mais ça arrive tardivement", juge sur RMC François Devaux, président de l'association La Parole Libérée et lui-même victime d'un prêtre pédophile. "Ce qui est gênant c'est qu'il a fallu que tout ça se fasse sous la contrainte. Il n'y a pas besoin de faire des conférences de presse et de prendre de grandes décisions comme ça pour mener une action : ce qu'il faut, c'est de la sincérité, de la volonté, de la transparence, de la détermination. Tant que cette institution n'aura pas montré un signal beaucoup plus fort que ça, il est clair et nette que mes filles n'iront jamais se confronter à cette institution, en tout cas pas sans ma présence".
"L'épiscopat français a voulu reprendre la main"
Christian Terras, rédacteur en chef de Golias Hebdo et Golias Magazine (revues d'inspiration catholique), s'interroge déjà sur "l'indépendance de la commission d'experts dont l'épiscopat a parlé". Lui aussi rappelle "que ces mesures arrivent sous la pression" et que "l'Église de France n'avait pas le choix de prendre de telles mesures". "Les victimes témoignent à visages découverts, s'organisent en association, attaquent en justice, donc je crois que l'épiscopat français a voulu reprendre la main, recontrôler une situation qui lui échappe désormais, de manière à ce que dans d'autres diocèses il ne se passe pas ce qu'il s'est passé dans le diocèse de Lyon et donc mettre sous contrôle cet espèce de tsunami de la pédophilie dans l'Église catholique".