"Apartheid": ce qu'en pensent ceux qui travaillent dans les banlieues

RMC est allée à la rencontre de divers acteurs de terrain de banlieues comme celle de Clichy-sous-Bois en Seine-saint-Denis - PATRICK KOVARIK / AFP
Ce mardi, lors de ses vœux à la presse, Manuel Valls a décrit la gravité de la situation dans certains quartiers français. Concrètement, le Premier ministre est revenu sur les violentes émeutes de 2005 dans les banlieues françaises en parlant de "ghettos" et d'"apartheid territorial, social, ethnique". Les mots choisis sont forts. Ils ont une résonance particulière puisque ce terme d'"apartheid" fait référence à la ségrégation raciale mise en place par le régime sud-africain jusqu'en 1994. Avec de tels propos, le chef du gouvernement n'a pas laissé indifférent la classe politique. Mais sur le terrain, qu'en pense-t-on ?
RMC est allée à la rencontre des acteurs de terrain en Seine-Saint-Denis. La misère sociale, la ghettoïsation, la discrimination… les constats de Manuel Valls, les professionnels de terrain le partagent comme l'indique Frédérique Maison, responsable des maisons de quartiers à Sevran. "Ces populations ont un sentiment de délaissement, d'abandon. Les jeunes sont en colère et celle-ci n'est pas forcément contrôlée" souligne-t-il.
"Il a fallu que des personnes perdent la vie…"
La situation est à ce point critique qu'il estime que "l'on est sur le fil du rasoir". Il s'en explique: "On voit bien que cela se dégrade, que la souffrance des gens grandit. Il faut que cela s'arrête". Mais ce constat arrive trop tard. C'est en tout cas ce que pense Mohammed Mechmache, porte-parole de l'association "AC le feu" à Clichy-sous-Bois. "Aujourd'hui, si on parle d'apartheid c'est parce qu'à un moment donné des orientations politiques ont été faites au détriment de ces habitants", analyse-t-il dans Bourdin Direct.
Il ajoute, remonté : "Cela fait trente ans que l'on explique, que l'on n'arrête pas d'alerter". "Malheureusement, il a fallu que des personnes perdent la vie pour que l'on se rende compte que peut-être on est arrivé à une étape ou il faut prendre les choses au sérieux", poursuit-il, déterminé. C'est pourquoi, après les mots, les associations attendent désormais des actes.