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Article des Inrocks sur Roubaix: "Un enchaînement de clichés"

L'hôtel de Ville de Roubaix.

L'hôtel de Ville de Roubaix. - Wikipedia

L'article des Inrocks publié le 24 février dernier, sur la ville de Roubaix, a indigné l'adjoint au maire de la ville, en charge de la culture, Frédéric Minard. Il a d'abord exprimé sa colère sur son blog, avant de se confier à RMC.fr.

Frédéric Minard, adjoint UDI au maire de la ville de Roubaix, en charge de la culture, réagit à l'article des Inrocks dont le sujet principal n'est autre que sa ville. Un article qui l'a déçu, il en explique les raisons à RMC.fr: 

"Je suis abonné aux Inrocks, dont j'ai reçu un exemplaire. J’avais eu connaissance qu'une journaliste était passée à Roubaix, car elle a visité plusieurs structures culturelles qui dépendent de moi. Il n’y avait aucun problème, j’étais impatient de découvrir l’article. A la lecture du contenu, les bras m’en sont tombés, d’où ma réaction un peu énervée sur mon blog.

"Plusieurs erreurs factuelles"

L’article partait d’une base intéressante, qui était de dire que Roubaix est une ville qui connait des difficultés économiques et sociales, mais que les habitants essaient d’en sortir par eux-mêmes. Le dynamisme associatif local est très riche. Le problème de cet article, c’est que sur quatre pages, il y a plusieurs erreurs factuelles. Par exemple, il est écrit que quelqu’un est un ancien élu alors qu’il l'est toujours, qu’une illustration est liée à une exposition qui n’a pas encore commencé, qu'il existe 300 associations dans la ville alors qu’il y en a 1.800…

Le deuxième point qui m’a énervé, c’est qu’on est dans un enchaînement de clichés, dont je croyais que plus aucun journaliste en France n’oserait écrire un article sur Roubaix ou toute autre ville du Nord où on aurait des briques de misère, un ciel de grisaille et les gens qui sourient malgré la pluie. Formellement, ce n’est pas faux, mais on n’apprend rien et ce n’est pas intéressant. C’est comme si je disais que dans les villes du sud les gens sont sympas, font des barbecues et qu’il fait chaud. Derrière, quelle est la vraie identité de la ville? Que s’y passe-t-il? Il faut chercher son histoire, la force des habitants, son identité.

"Ce genre d'article nous fait nous serrer les coudes"

J’ai eu des retours sur mon article de blog, beaucoup de gens approuvent et sont étonnés qu’un journal qui est censé être de fond, publie un article sur cette tonalité ci. Il ne s’agit pas de s’appesantir une énième fois sur les difficultés que tout le monde connaît. J’aurais pu écrire un billet très énervé, mais ma réaction a d'abord été la déception. Que des médias sensationnalistes viennent à Roubaix ou dans le Nord de la France, soit, mais même si les journaux de qualité comme les Inrocks, s’y mettent, cela me déçoit beaucoup.

Il y a un an et demi-deux ans, un article de Valeurs actuelles donnait l’impression que Roubaix était en état de siège, dans une insécurité permanente. Certes, des coins de la ville sont moins pimpants que d’autres, mais ce n'est pas la réalité totale de la ville. Au niveau local, ce genre d’articles fait nous serrer les coudes, les Roubaisiens ont envie de faire avancer les choses. On aurait préféré avoir un article qui met en avant les aspects positifs de la ville, mais ça nous motive davantage.

"Roubaix est une ville qui ne laisse pas indifférent"

Roubaix est une ville qui ne laisse pas indifférent: il y a des caractéristiques sociales, politiques, économiques, assez différentes de ce qui se passe en France. On sait parfaitement que tout le monde n’y serait pas à l’aise pour y vivre, c’est une ville très dense, très industrielle, avec peu d’espaces verts. Mais c’est une ville avec une vie sociale extrêmement riche. Notre musée La Piscine est par exemple le premier de France, il y a aussi la course cycliste Paris-Roubaix, des gens du monde entier viennent y assister…

Ce que je note avec un certain amusement, c’est que nous avons des journalistes toutes les semaines. Je me dis que si des médias spécialisés ou européens viennent à Roubaix, c’est qu’ils sentent qu’il se passe des choses dans ces villes du Nord qui connaissent des difficultés depuis longtemps, qui éveillent l’intérêt. Notre couverture médiatique largement supérieure à ce que la taille et l’activité de la ville justifieraient, et c’est sans doute le signe qu’il existe des ferments de l’avenir, qu’il est intéressant de venir le voir". 

Propos recueillis par Alexandra Milhat