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Attentats du 13 novembre: "Il y a des images que je revois 50 fois par jour", raconte un survivant

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La vie a repris ses droits dans la capitale. Devant le Bataclan et les terrasses visées par les attaques, les équipes de propreté de la ville sont en train de nettoyer les hommages aux victimes. Jérémy était au Bataclan, le 13 novembre, il apprend aujourd'hui à composer avec ce qu'il a vécu.

Un mois jour pour jour après les attentats terroristes à Paris, la vie reprend son cours. Les messages de soutien et hommages aux victimes sont soigneusement archivés, alors que les équipes de propreté ont commencé à nettoyer les abords du Bataclan et les terrasses visées par les attaques.

Les attentats ont fait 130 morts et plus de 350 blessés. 36 personnes sont toujours hospitalisées. Pour les rescapés, il faut maintenant apprendre à vivre avec ces images d'horreur gravées dans la tête.

Jérémy était au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan, le soir des attentats. Il en est sorti indemne: il s'était réfugié dans la loge des artistes de la salle de spectacle pour échapper aux trois terroristes.

"Un certain sentiment d'invincibilité"

Il a mis longtemps avant de réaliser ce qui lui était arrivé: "Les premiers jours, on a un sentiment d'euphorie, encore beaucoup d'adrénaline, on mesure pleinement la chance insolente qu'on a d'être encore en vie et donc on bouffe la vie. On a même un certain sentiment d'invincibilité. Ces images horribles, tous ces corps, le kamikaze en morceaux sur la scène, les premiers jours j'arrivais à me dire que ce n'était pas réel".

Ce n'est que lors de l'hommage national qu'il réalise qu'il a frôlé la mort: "Il y a eu un déclic lors de l'hommage national puisqu'on voit tous ces visages qui auraient pu être nos amis: ils avaient le même âge que nous, ils écoutaient la même musique que nous, là on se prend une grande claque".

"Un nouvel équilibre à trouver"

Aujourd'hui, Jérémy doit composer avec des visions glaçantes des attaques: "Je continue à sortir, à vivre mais certaines journées c'est plus dur que d'autres de se lever. Ce sont des images que je revoie 50 fois par jour".

Et sa vie quotidienne est hantée par les événements: "Le moindre magasin, le moindre restaurant, le moindre bar, même si j'arrive très facilement à manger derrière la vitre, je ne peux pas m'empêcher de regarder où se trouvent les issues de secours. J'ai hâte de pouvoir recommencer le travail normalement et récupérer un vrai rythme de vie. Avant il y avait ma vie perso, mon couple, mon boulot, maintenant je dois composer avec le Bataclan c'est un nouvel équilibre à trouver".

Selon le psychiatre Samuel Lepastier, il faudra "6 à 18 mois pour tourner la page". "Il y a chez beaucoup de personnes une culpabilité à avoir survécu, alors que près d'eux des personnes ont été fusillées. Elles auraient pu prendre leur place et du coup le sentiment que la vie ne tient vraiment qu'à très peu de choses. Il faut entendre les patients de façon relativement soutenue pour que petit à petit les images disparaissent", analyse-t-il.

La rédaction avec Charlotte Peyronnet