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Attentats: "Nous n'avons pas les moyens de faire la guerre à Daesh", estime un spécialiste

Mathieu Guidère, universitaire, spécialiste du monde arabe, a réagi ce samedi sur RMC aux propos de François Hollande, au lendemain des attentats meurtriers de Paris et du Stade de France. Pour lui, la France n'est pas prête à la "guerre" contre Daesh.

Au lendemain des attentats kamikazes de Paris et du Stade de France, Mathieu Guidère, universitaire spécialiste du monde arabe, a estimé ce samedi sur RMC que la France n'était pas prête à répondre à la "guerre" que lui a déclarée Daesh, en référence aux propos utilisés par François Hollande dans son allocution de la matinée. "Je ne suis pas sûr que nous ayons les moyens et les compétences de mener cette guerre contre l'État islamique (EI), même les Russes n'y arrivent pas. Nos armées sont éparpillées de par le monde et nos forces sont épuisées. Je ne vois pas ce que nous pouvons augmenter, et je ne vois pas comment le président peut passer à la télé pour nous dire qu'il va nous protéger et qu'il va mener une guerre impitoyable. Avec quoi ? Pour faire quoi ?", interroge le spécialiste.

"Aujourd'hui notre territoire national doit être protégé prioritairement. Nous avons besoin de nos ressources pour protéger nos citoyens sur notre territoire. Le jeu de la géopolitique et des grandes puissances ne m'intéressent pas si aujourd'hui il y a des attentats dans la capitale française".

"C'est une autre époque qui s'ouvre"

"Quand François Hollande nous dit que nous sommes en guerre, je ne crois pas que les Français comprennent et soient conscients, poursuit Mathieu Guidère. Mais moi, en tant qu'habitant de Paris, je commence à le sentir. Jamais je n'aurais imaginé qu'il y ait un jour 8 attentats suicides à Paris. C'est une véritable menace avec des gens décidés à attaquer de façon indiscriminée (sic) les Français". Il le regrette, mais il ne se sent "pas protégé en tant que citoyen aujourd'hui".

Mathieu Guidère a plus que des doutes sur l'efficacité des frappes contre l'EI en Syrie et en Irak, auxquelles la France participe. Pour lui, "il faut prioriser" les objectifs. "Frapper en Syrie nous rapporte-t-il quelque chose ? Qu'y gagne-t-on ? Cette stratégie qui consiste à frapper là-bas pour éviter que les terroristes nous frappent ici, je crois que depuis janvier nous avons la preuve par 100 que c'est une erreur". "Nous sommes à un tournant majeur, c'est une autre époque qui s'ouvre", conclut-il.

P. G. avec Chloë Cambreling