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Aucun urgentiste ne vit bien de faire attendre 47 personnes et d’être seul

L'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) appelle à une grève illimitée. (Photo d'illustration)

L'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) appelle à une grève illimitée. (Photo d'illustration) - Philippes Desmazes - AFP

REPORTAGE RMC - L'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) appelle à une grève illimitée. Elle table sur un taux de 80% de grévistes. Ils dénoncent les conditions de travail pénibles et les rémunérations. Reportage dans un service d’urgences parisien.

C'est parti pour plus d'une semaine de grève chez les médecins. Et les premiers à suivre le mouvement sont les médecins urgentistes, ce lundi. L'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) appelle à une grève illimitée. Elle table sur un taux de 80% de grévistes. Ils dénoncent les conditions de travail pénibles et les rémunérations.

Conditions de travail difficiles

Les conditions de travail dans les services d'urgences se détériorent et c'est au détriment des patients. Dans ce service d'urgences parisien, des patients assis prennent leur mal en patience, résignés, au milieu des brancards. Michel essuie sa plaie au front. Cela fait six heures qu'il patiente dans le hall des urgences.

"Il y a plein de gens qui arrivent, explique-t-il, résigné, au micro de RMC. Nous, on est comme des andouilles, on attend. S’il y avait un peu plus de personnel, ça tournerait peut-être plus vite quand même… "

Les patients défilent, les infirmiers marchent d'un pas décidé. Fabrice, lui, attend sa radio des côtes depuis deux heures. Il le voit bien, ici, le personnel est à cran. "On sent une tension, le personnel travaille sur les nerfs, témoigne-t-il. On n’a plus le temps de faire correctement son boulot… "

"75% des urgentistes en burn-out"

Pas d'organisation du travail, pas assez de personnel, … Les urgentistes arrivent à saturation pour Patrick Pelloux.

"On a fait une étude il y a deux ans, elle est encore valable: il y avait 75% des urgentistes qui étaient en burn-out, déclare le président de l’Association des médecins urgentistes de France à RMC. Il n’y a aucun médecin urgentiste en France qui vive bien le fait de se dire que derrière cette porte, il y a 47 personnes qui attendent et je suis tout seul. Il faut que l’on travaille sur une meilleure organisation."

Et puis, il y a le salaire des médecins urgentistes, qui ne correspond pas au volume effectif de travail. "Quand vous faites 60 heures par semaine, et que vous êtes en fait payé 39 heures, ça fatigue, se désole Patric Pelloux. "

Mais cette grève devrait tout de même passer inaperçue: les médecins grévistes seront bien là pour soigner les patients, avec sur leur blouse, ce message: "En grève".

C. P. avec Romain Poisot