Autoroutes : voici ce qu'a finalement décidé le gouvernement

- - PIERRE ANDRIEU / AFP
Les relations entre sociétés concessionnaires d'autoroutes (SCA) et le gouvernement sont plus que jamais tendues. Surtout depuis la publication mi-septembre par l'Autorité de la concurrence d'un rapport dénonçant la "rente" de ces entreprises depuis la privatisation de 2006, sur fond de péages augmentant plus vite que l'inflation. Et les propos de Ségolène Royal ce mardi sur BFMTV-RMC n'ont certainement pas apaisé la situation. La ministre de l'Ecologie et des Transports a en effet dit souhaiter "un gel des tarifs des autoroutes en 2015", alors qu'une hausse de 0,57% est prévue au 1er février.
Casser les contrats
Autant dire qu'on assiste à un véritable bras de fer entre le gouvernement et les sociétés d'autoroutes alors même que des députés doivent rendre ce mercredi matin un rapport très attendu à ce sujet. Rapport dont RMC dévoile les grandes lignes en exclusivité. Principale conclusion défendue par Jean-Paul Chanteguet, député PS de l'Indre et rapporteur de cette mission : les parlementaires proposent de casser les contrats qui lient l'État et les sociétés d'autoroutes.
Juridiquement c'est possible mais cela fait débat à droite comme à gauche. En effet, tout cela à un coût pour l'Etat : environ 40 milliards d'euros en raison ses pénalités financières à payer. Mais si dans un premier temps la facture s'avère salée, il y a tout de même un avantage : l'Etat reprend la main sur les concessions et peut donc les attribuer à nouveau à des sociétés. Mais à des conditions évidemment plus avantageuses pour lui.
Surveiller les prix
Cette proposition est soutenue par 152 députés socialistes qui ont écrit un courrier en ce sens il y a une dizaine de jours à Manuel Valls. Ainsi pour Christophe Caresche, député PS de Paris, "c'est une forme de renationalisation des autoroutes". Sur RMC, il explique qu'il "faut dénoncer et remettre en cause les contrats" et "il faut le faire avant la fin de l'année".
Les parlementaires proposent également de regarder les prix des autoroutes : sans aller jusqu'à demander le gel des tarifs ils constatent en effet que les hausses sont chaque année bien supérieures à l'inflation. Ils demandent enfin au gouvernement un débat au Parlement sur la gestion des autoroutes et la mise en place d'une autorité indépendante qui aura pour but de surveiller les investissements des sociétés d'autoroutes.
"Coup de pied dans la fourmilière"
Dans Bourdin Direct, Bertrand Pancher, député UDI de la Meuse et président de cette mission d'information parlementaire, défend ces propositions et notamment sur la question des tarifs. "On a mis un coup de pied dans la fourmilière. En effet, nous constatons bien que l'évolution du prix des péages est supérieure à l'évolution de l'inflation. Il faut donc rééquilibrer ces tarifs". Il ajoute que les parlementaires "ne sont pas hostiles au système des concessions d'autoroutes mais nous voulons faire en sorte qu'il y ait un vrai équilibre et de manière totalement transparente pour les usagers".
Interrogé par RMC, Pierre Coppey, directeur général de Vinci, parle de "menace" et met en garde contre un gel des tarifs et agite l'argument de la création d'emploi. "Dans le contexte de crise du secteur des travaux publics, nous avons la possibilité de mobiliser 3,2 milliards d'euros d'argent privé. Je pense que cela serait une contribution extrêmement utile à la politique d'investissements de l'Etat car cela représente 20 000 emplois. Or 20 000 emplois aujourd'hui c'est très important vu le contexte économique que nous traversons". A noter que les négociations entre le gouvernement et les sociétés d'autoroutes devraient se terminer d'ici la fin de l'année.
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