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Avocats en grève: "On ne pourra plus se permettre d'aider les gens"

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Les avocats manifestent ce lundi contre le projet de réforme de l'aide juridictionnelle qui permet aux plus démunis d'accéder aux services d'un avocat. Ces derniers refusent de cotiser à une augmentation de son budget, comme le leur a demandé la ministre de la Justice, Christiane Taubira.

Les robes noires sont en colère. Les avocats sont en grève pour dénoncer une mesure introduite par Christiane Taubira dans le projet de loi de finance voté jeudi dernier à l'Assemblée: la réforme de l'aide juridictionnelle qui entrera en vigueur au 1er janvier 2016.

Cette aide permet aux personnes pauvres d'avoir recours aux services d'un avocat. L'État prend en charge tout ou partie des frais de la défense.

Deux mesures provoquent la colère des magistrats. La première consiste à modifier les barèmes qui servent à calculer le paiement des avocats. Cette mesure en est encore au stade des négociations car c'est une conséquence de la loi votée jeudi.

Le deuxième point a été voté jeudi dernier. Il concerne le financement de cette aide, aujourd'hui versée principalement par l'Etat. Christiane Taubira veut faire payer les avocats encore plus. D'ici 2017, les caisses professionnelles des avocats (les CARPA) devraient ainsi verser 15 millions d'euros supplémentaires d'aide juridictionnelle directement aux avocats.

"Nous avons l'impression de payer deux fois"

Hors de question pour Pierre-Olivier Sur, président du barreau de Paris: "Ce qui nous est demandé là par le projet de loi de finance, ce n'est qu'une rustine. On a l'impression aujourd'hui que l'Etat ne peut plus financer ses services publics donc nous avons l'impression de payer deux fois, non seulement le ministère de la Justice nous demande de financer l'aide juridictionnelle mais pire encore, les indemnisations promises aux avocats seront diminuées d'environ 30%.

Mélodie Kudar est avocate au barreau de Paris. Pour elle, baisser la rémunération des avocats qui défendent les plus démunis ça n'a pas de sens: "De toute façon, on est très mal rétribué si je passe 5 ou 30 heures sur un dossier on touche exactement la même somme et c'est souvent en dessous du SMIC".

Près de la moitié de ses clients bénéficient de l'aide juridictionnelle. Elle qui défend les plus modestes par choix redoute aujourd'hui de ne plus pouvoir le faire: "On était payés 300 euros hors taxes pour une garde à vue, le montant passerait à 181,50 euros, ça va nous coûter de l'argent".

"C'est à l'Etat de trouver les budgets"

Pour Leïla Hamzahoui présidente du conseil supérieur des Barreaux, si Christiane Taubira ne revient pas sur cette réforme, il y a un vrai risque que certains Français ne soient tout simplement plus défendus: "On ne pourra plus se permettre d'aider les gens. C'est à l'Etat de trouver les budgets car l'accès au droit est une prérogative fondamentale dans un Etat de droit".

L'an dernier près de 900 000 personnes ont bénéficié de l'aide gratuite d'un avocat pour assurer leur défense.

La rédaction avec V.V.