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Bataille indécise à Marseille avec le FN en embuscade

Vue de Marseille. La bataille des élections législatives s'annonce indécise à Marseille, où l'UMP, qui détient cinq des huit circonscriptions actuelles, aura du mal à maintenir ses positions face à la montée du Parti socialiste et du Front national. /Phot

Vue de Marseille. La bataille des élections législatives s'annonce indécise à Marseille, où l'UMP, qui détient cinq des huit circonscriptions actuelles, aura du mal à maintenir ses positions face à la montée du Parti socialiste et du Front national. /Phot - -

par Jean-François Rosnoblet MARSEILLE (Reuters) - La bataille des élections législatives s'annonce indécise à Marseille, où l'UMP, qui détient cinq...

par Jean-François Rosnoblet

MARSEILLE (Reuters) - La bataille des élections législatives s'annonce indécise à Marseille, où l'UMP, qui détient cinq des huit circonscriptions actuelles, aura du mal à maintenir ses positions face à la montée du Parti socialiste et du Front national.

Sur un plan purement mathématique, la deuxième ville de France a déjà perdu une circonscription avant même le premier tour de l'élection, le redécoupage réalisé en 2010 ayant réduit de huit à sept le nombre de députés que Marseille enverra le 17 juin à l'assemblée nationale.

Si l'UMP devrait conserver sans trop de problèmes ses deux fiefs historiques du sud de la ville, le combat est plus incertain dans le reste d'une cité qui, le 6 mai, a placé en tête pour la première fois de son histoire un candidat de gauche lors d'une élection présidentielle.

François Hollande s'est ainsi imposé dans quatre des sept circonscriptions en jeu, tandis que le Front national, qui a réalisé plus de 21% des voix sur l'ensemble de la ville, devrait être en mesure d'imposer le maintien de près de la moitié de ses candidats dans des triangulaires incertaines.

"Il n'y a eu qu'un point de différence entre François Hollande et Nicolas Sarkozy", relativise le maire UMP de la ville, Jean-Claude Gaudin.

La gauche espère pourtant que l'élection de François Hollande provoquera une lame de fond pour lui permettre d'empocher au moins quatre circonscriptions.

Mais dissidences et affaires judiciaires pourraient venir brouiller la donne, notamment dans les quartiers les plus populaires du nord de la ville.

LE POIDS DES AFFAIRES

Dans la 3e circonscription, par exemple, où François Hollande est arrivé en tête aux deux tours de la présidentielle, le PS n'a officiellement plus de candidat après le retrait de son investiture à Sylvie Andrieux.

Cette dernière a été renvoyée la semaine dernière devant le tribunal correctionnel de Marseille dans une affaire de détournement de fonds publics, une décision prise par le Parti socialiste au nom de "l'exigence d'exemplarité".

Le Front de gauche lui a demandé en vain de se rallier à sa candidate, Marie Batoux, pour éviter que cette circonscription passe à droite ou au Front national. Elue députée depuis 1997, Sylvie Andrieux a annoncé le maintien de sa candidature.

Fortement implanté sur ce territoire où Marine Le Pen vient d'enregistrer un score de 26,23 %, le candidat FN Stéphane Ravier devrait en profiter pour se faufiler au second tour avec une réelle chance de créer la surprise dans ces quartiers durement frappés par la crise et le chômage.

Un autre député PS intéresserait aussi la justice dans la circonscription voisine. Henri Jibrayel, qui n'a pas été à ce jour entendu par les enquêteurs, est visé par une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Marseille pour des faits supposés de détournement de fonds publics.

La justice soupçonne plusieurs responsables d'associations d'avoir indûment bénéficié d'avantages liés à des "pratiques de clientélisme" dans les XVe et XVIe arrondissements de la ville, qui figurent dans le périmètre du député sortant.

DISSIDENCE À GAUCHE COMME À DROITE

Dans le centre ville, c'est davantage l'ombre de Jean-Noël Guérini, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône mis en examen en septembre pour une affaire de marchés publics frauduleux, qui plane sur les quartiers historiques de la cité.

L'une de ses proches, Lisette Narducci, a quitté le Parti socialiste pour se présenter face au candidat désigné, Patrick Menucci, sur une terre traditionnellement ancrée à gauche où François Hollande a obtenu son meilleur score dans le département (39,12%) devant Jean-Luc Mélenchon (19,92%).

Mais la droite est aussi confrontée à la dissidence. L'ex-centriste Robert Assante, maire des XI et XIIe arrondissements, a choisi de se présenter contre la députée UMP Valérie Boyer.

Nicolas Sarkozy a réalisé 55,8% des voix au second tour de la présidentielle dans ces quartiers de l'est de la ville, mais ce réservoir de voix pourrait ne pas être suffisant pour contenir les assauts du socialiste Christophe Masse.

Pourtant, l'accord national entre socialistes et écologistes ne s'applique pas à l'échelon local où la magistrate Laurence Vichnievsky a déjà prévenu qu'elle n'appellerait pas à voter pour le vice-président PS du conseil général, jugé trop proche, là encore, de Jean-Noël Guérini.

Ces divisions à droite et à gauche ne devraient toutefois pas faire le jeu du Front national, qui vise surtout une présence au second tour dans cette circonscription où Marine Le Pen s'est intercalée entre Nicolas Sarkozy et François Hollande au premier tour de la présidentielle, avec 25,1% des suffrages.

Au total le FN devrait pouvoir provoquer des triangulaires dans près de la moitié des circonscriptions de la ville.

Le parti de Marine Le Pen ne devrait être qu'un observateur privilégié du combat qui opposera Renaud Muselier et Marie-Arlette Carlotti dans la 5e circonscription.

A droite, l'ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères mise pour l'emporter sur son implantation dans ce territoire où il est élu depuis 1993. A gauche, la ministre aux Personnes handicapées se prévaut de sa proximité avec François Hollande.

Tous deux sont des opposants déclarés de Jean-Noël Guérini.

L'un et l'autre jouent cependant gros dans cette élection. Une défaite ôterait à Renaud Muselier toute légitimité à conduire le combat municipal, en 2014 à Marseille. Un revers contraindrait Marie-Arlette Carlotti à quitter le gouvernement, moins de deux mois après sa nomination.

Edité par Yves Clarisse

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