Bidonville sous le métro parisien: "Honte pour le pays de voir ces gens accueillis de cette manière"

Sous le métro parisien, les tentes de migrants pullulent ces dernières semaines - AFP
Paris, la Tour Eiffel, l'avenue des Champs-Elysées, le Sacré Cœur, et… son bidonville. Sous le métro aérien de La Chapelle, à la frontière entre le Xème et le XVIIIème arrondissement de la capitale, se trouve un camp géant de réfugiés. S'il y a six mois, il n'y avait qu'une dizaine de tentes, désormais près des 150 abris de fortune longent le boulevard. Au total, plus de 350 personnes, des hommes, des femmes, des enfants venus d'Erythrée, du Soudan, de Somalie ou d'Afrique de l'Ouest vivent ici en transit, dans l'insalubrité la plus totale.
Assis sur les restes d'un lit d'hôpital déposé par des bénévoles, Mohamed indique à RMC vouloir essayer de rattraper sa nuit. "Quand je reste ici, je ne dors pas à cause du bruit des trains", explique-t-il en ajoutant: "Ici c'est sale et je ne peux pas me laver". Derrière lui, Almias, une Erythréenne de 45 ans, sort de sa petite tente bleue, la première d'une longue série d'abris entassés les uns sur les autres. Elle vit ici au milieu de quelques latrines mais sans douche, juste la crasse et la pollution.
"Personne ne peut m'aider"
"Ici, c'est trop dangereux. Il y a trop d'hommes et trop d'alcool. Ils boivent beaucoup et après ils se battent. Cette nuit, des hommes sont rentrés dans ma tente vers trois heures du matin. J'ai très peur, je ne peux plus dormir. Et puis, j'ai une bronchite: je tousse, je vomis. Personne ne peut m'aider, personne", déplore-t-elle.
Sur le trottoir d'en face, Flavie, une habitante du quartier qui passe plusieurs fois par semaine devant ce campement, regarde, impuissante: "Cela fait un peu honte pour le pays de voir ces gens accueillis de cette manière. On ne peut pas faire semblant de ne pas les voir. On voit même des femmes, des enfants… Evidemment, cela fait mal au cœur".
"L'Etat doit évacuer le campement"
Chaque jour de nouveaux réfugiés arrivent sur le camp. Dès lors, les conditions sanitaires se dégradent et les tensions augmentent. C'est pourquoi plusieurs élus, dont Rémi Féraud, maire du Xème arrondissement, ont demandé le démantèlement de ce camp: "Au mois de décembre dernier, nous avons installé des sanisettes sur le site. La ville de Paris en assure le nettoyage mais aujourd'hui ça n'est plus suffisant. Donc c'est ensemble, avec Anne Hidalgo, que nous demandons à l'Etat d'évacuer le campement et d'héberger tout le monde".
Mais où iront ces 350 réfugiés si le camp est démantelé avant l'été ? "C'est à l'Etat de s'en charger", ajoute l'élu..."Reste à savoir comment", s'inquiètent déjà les associations de soutien aux réfugiés.