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Brice Hortefeux quitte le ministère de l'Intérieur

Brice Hortefeux, l'ami de 30 ans de Nicolas Sarkozy, a perdu dimanche le portefeuille de l'Intérieur pour une fonction qui n'est pas encore connue. La présidence n'a pas voulu confirmer les informations selon lesquelles il pourrait rejoindre l'Elysée, peu

Brice Hortefeux, l'ami de 30 ans de Nicolas Sarkozy, a perdu dimanche le portefeuille de l'Intérieur pour une fonction qui n'est pas encore connue. La présidence n'a pas voulu confirmer les informations selon lesquelles il pourrait rejoindre l'Elysée, peu - -

Brice Hortefeux, l'ami de 30 ans de Nicolas Sarkozy, a perdu dimanche le portefeuille de l'Intérieur pour une fonction qui n'est pas encore connue.

La présidence n'a pas voulu confirmer les informations selon lesquelles il pourrait rejoindre l'Elysée, peut-être comme conseiller spécial du chef de l'Etat, se contentant de signaler qu'il serait appelé "prochainement à des fonctions importantes".

Brice Hortefeux avait été maintenu à son poste lors du dernier remaniement après avoir assumé sans états d'âme la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis juin 2009 malgré des résultats contestés dans la lutte contre la délinquance.

Fidèle du chef de l'Etat, Brice Hortefeux, 52 ans, avait même pris du grade puisqu'il avait hérité aussi du portefeuille de l'Immigration, qu'il avait déjà occupé pendant presque deux ans au début du mandat du président.

Il a été remplacé dimanche par l'ancien secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, qui semble taillé pour la fonction.

Les ennuis judiciaires de Brice Hortefeux ont pu jouer un rôle dans la décision de Nicolas Sarkozy, qui risquait de se trouver dans quelques mois avec un ministre condamné à plusieurs reprises pour des propos controversés.

Le tribunal correctionnel de Paris lui avait infligé en juin 2010 une amende de 750 euros en correctionnelle pour injure raciste envers un militant maghrébin de l'UMP.

Dans une vidéo filmée en septembre 2009 lors d'une réunion de l'UMP, on pouvait l'entendre dire à propos d'un militant d'origine maghrébine : "Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".

Il a fait appel et sera rejugé le 9 juin prochain.

LE "MÉCANO DE SARKO"

En décembre, il avait été condamné civilement à Paris pour violation de la présomption d'innocence à la demande d'un magistrat, David Sénat, suspecté d'avoir informé la presse dans le dossier Bettencourt et d'avoir enfreint le secret professionnel, faits que le ministre a présentés comme avérés. Il a aussi fait appel, mais aucune date n'est prévue.

Le 7 février dernier, Brice Hortefeux avait échappé à une troisième condamnation dont il était menacé devant le tribunal de Paris dans une procédure pour violation supposée de la présomption d'innocence après avoir qualifié de "djihadiste français" un homme qui n'a pas encore été condamné.

Mais le tribunal de grande instance de Paris s'est contenté de se déclarer incompétent et estimé que c'était le tribunal administratif qui était à même de statuer sur ces faits, qui relèvent selon lui de l'exercice des fonctions de ministre.

Après l'immigration, l'ami de Nicolas Sarkozy avait rejoint en 2009 le ministère du Travail, où il n'avait pas eu le temps de s'attaquer à l'impopulaire réforme des retraites, avant de toucher son Graal, le ministère de l'Intérieur.

Présenté comme un homme indispensable, le "mécano de Sarko" selon le mot de son biographe Philippe Reinhard, fils de banquier et d'une enseignante, né à Neuilly-sur-Seine, a toujours exécuté à la lettre la mission assignée par son mentor.

"Je ne connais pas l'engagement à géométrie variable, ni la fidélité à cloche-pied. Mon engagement à ses côtés est donc total", a-t-il expliqué.

A l'Intérieur comme à l'Immigration, où il avait fait passer une loi de maîtrise de l'immigration limitant le regroupement familial, Brice Hortefeux a déclenché de vives polémiques.

APPUI AUX POLICIERS

L'organisation Réseau éducation sans frontière (RESF), créée pour s'opposer aux expulsions d'illégaux, l'avait désigné comme un "ministre de la rafle, un Stakhanov de l'expulsion, un ministre du chiffre imposé à tous les étages des administrations, (...), un ministre de la peur".

Cet homme de haute stature, discret et à l'apparent flegme britannique a suivi sans sourciller le virage sécuritaire amorcé fin juillet par Nicolas Sarkozy, notamment pour le démantèlement des camps de Roms et leur expulsion, malgré un tollé.

Cette politique a été critiquée par l'opposition de gauche, mais aussi par une bonne partie de l'Eglise catholique, et a suscité un malaise jusque dans les rangs de la majorité.

Son combat de la fin de l'été 2010 pour la déchéance de la nationalité française des "polygames de fait" a également fait beaucoup de bruit, même si finalement Nicolas Sarkozy a arbitré en sa défaveur et limité cette mesure aux auteurs de crimes contre des représentants de la force publique.

Le ministre de l'Intérieur s'est également distingué par un appui sans faille aux forces de l'ordre, parfois même au mépris de la règle de séparation des pouvoirs selon laquelle un ministre ne peut commenter une décision de justice.

L'homme, qui est souvent accusé par ses détracteurs de chasser sur les terres du Front national pour attirer à Nicolas Sarkozy les voix d'extrême-droite, laisse pourtant parfois transparaître des états d'âme dans des tribunes ou interviews.

Il a affirmé un jour se poser chaque matin "la question de savoir si ce que je fais est juste, si ce que je fais est utile à la société."

Yves Clarisse, édité par Patrick Vignal

REUTERS