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Calais: les routiers excédés par l'afflux de clandestins

Des migrants attendant de pouvoir monter à bord d'un camion, à Calais (photo prise le 24 septembre dernier)

Des migrants attendant de pouvoir monter à bord d'un camion, à Calais (photo prise le 24 septembre dernier) - Philippe Huguen - AFP

Les chauffeurs routiers qui passent par Calais n'arrivent plus à faire face à l'afflux de clandestins qui veulent migrer vers l'Angleterre. Ils réclament la fin des amendes reçues pour transport illégal de migrants.

A Calais, les routiers sont sur les nerfs, proche de la révolte. Ils sont excédés par les migrants qui tentent de passer en Grande-Bretagne en grimpant dans leurs camions. La situation a empiré depuis cet été avec l'arrivée de migrants venus de nouvelles zones de conflits comme l'Irak et la Palestine. Ils sont au total 1.500, selon la préfecture. Le renforcement des mesures de sécurité par les transporteurs n'a rien changé.

3.000 euros d'amende par migrant

Et cela a un coût pour les sociétés de transport qui doivent payer jusqu'à 3.000 euros par migrant passé outre-manche. Le chauffeur et l'entreprise doivent payer, ce qui double la facture. Sans compter la marchandise qui est souvent détériorée.

Vendredi, une délégation de la Fédération nationale des transports routiers Nord-Pas-de-Calais et Ile-de-France se rend à Folkestone, porte d'entrée de la Grande-Bretagne par la mer et le tunnel sous la Manche. Les transporteurs vont réclamer à l'immigration britannique l'arrêt des amendes. Si aucun accord n'est trouvé, ils envisagent un blocus du port de Calais.

"On est obligés de devenir méchants"

A bord de son camion, Christophe raconte sur RMC : "J'étais allé boire un café à la station-service, quand je suis arrivé à mon camion il y avait deux clandestins en train d'ouvrir ma porte de remorque, l'un d'eux était monté à bord. Je lui ai claqué ma porte de remorque dans la figure. Je n'irais pas jusqu'à le tuer, mais si personne ne fait rien... On joue un peu à la police nous-mêmes. Ils sont bien équipés, avec des téléphones, des cutters. On est obligés de devenir méchant".

Ils sont nombreux à avoir vécu ce type de confrontation avec des clandestins. Du coup certains routiers, comme David, transforment leur camion en forteresse: "On a mis en place des cadenas pour fermer les portières de nos véhicules". "Certains de nos clients exigent qu'on évite le port de Calais, mais ça fait des coûts supplémentaires", se désole-t-il. À cause de plusieurs migrants dans sa remorque, son dernier chargement de sucre n'a pas été livré. 16.500 euros de perdus.

"Ils sautent des ponts sur le toit des camions"

"C'est la folie, ils sont de plus en plus nombreux, et ça devient dangereux, déplore Olivier, chauffeur qui franchit la Manche toutes les semaines. Comme des kamikazes, ils sautent des ponts sur le toit des camions. Il n'y a aucun moyen de les arrêter. Ils sont 300 ou 400 à courir entre les camions, et il n'y a qu'une vingtaine de policiers. On a ordre par notre société de ne pas s'arrêter dans un rayon de 300 km autour de Calais".

Philippe Gril avec Pauline Baduel