Ce qu'il faut comprendre du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
Ne culpabilisez pas si vous avez du mal à comprendre le Caucase, ou même à le situer. C’est sans doute la région la plus compliquée du monde. Le Caucase, c’est grand comme la France, tout au bout du bout de l’Europe, aux frontières de la Russie au Nord, la Turquie et l’Iran au sud. Coupé en deux par une immense chaîne de montagne, le Caucase, avec des sommets plus hauts que le Mont Blanc.
Voilà pour la géographie. Mais ce qui est compliqué, ce n’est pas la géographie, c’est la démographie: les populations qui occupent ces montagnes.
Et là, accrochez-vous. En quelques heures de voiture vous pouvez traverser la Kabardino-Balkarie, l'Ossétie, l’Ingouchie, la Tchétchénie, que l’on connaît parce qu’elle sort d’une guerre de 20 ans, puis encore un peu plus loin le Daghestan. Et rien qu’au Daghestan, on a recensé des peuples qui parlent 48 langues différentes, 48 langues dont 14 officielles dans un territoire grand comme l'Ardèche.
Le Caucase est une mosaïque de peuples et de cultures, c’est le croisement de toutes les grandes conquêtes et de toutes les croisades, et j’ai un peu simplifié en ne parlant que du nord-Caucase. Pour pas que cela ne soit trop compliqué.
Comment Staline a bousculé l'équilibre de la région
Si cette région connaît autant de guerres, c’est que les frontières ne sont pas là ou elles devraient être ! Les frontières du Caucase ont été dessinées par un grand pervers: Joseph Staline, le dirigeant de l’URSS jusqu’en 1953. Il était lui-même caucasien, est né en Ossétie et l’ossète était sa langue maternelle.
Quand il a redessiné les cartes de la région, il a mis son village natal Gori en dehors de l'Ossétie. Et le reste de son pays il l’a coupé en deux. L'Ossétie du sud et l’Ossétie du nord, rattaché à deux républiques différentes. Pourquoi ? Parce que. Pourquoi faire simple si on peut faire compliqué.
Staline a inventé l’expression 'diviser pour mieux régner', et il a semé dans tout le Caucase des bombes a retardement qui explosent régulièrement aujourd’hui encore. L'Ossétie dont on vient de parler a connu deux guerres en 1993 et en 2008. Nicolas Sarkozy s’était mêlé de la seconde en tentant d’empêcher Poutine d’envahir la Géorgie.
Et en ce moment que ce passe t-il entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan ?
C’est la même histoire. Sachant que les musulmans d’Azerbaïdjan et les chrétiens d’Arménie se détestaient cordialement et historiquement, Staline a décidé d’envenimer encore un peu la situation. Il a créé une enclave azérie en Arménie. Et une enclave arménienne en Azerbaïdjan.
C’est cette enclave, le Nagorny Karabakh, que les deux pays se disputent depuis 30 ans. Et ce week-end end, c’est une vraie guerre qui a éclaté sur ces hauts plateaux avec des combats de chars et des bombardements aériens, qui ont déjà fait au moins 70 morts et des milliers de paysans qui doivent se réfugier dans la capitale.
Comment tout cela peut-il finir ?
Quand Poutine sifflera la fin de la récrée. La Turquie voudrait bien se mêler au jeu et soutenir l’Azerbaïdjan, pays ami qui parle le turc ! Mais on est surtout dans l’ancienne URSS dans la zone d’influence de Moscou. On est dans le jardin de Poutine qui vend des armes aux deux pays, qui a des bases militaires en Arménie et qui pourra rétablir l’ordre quand il le souhaitera.