Chez Jeannette, une bonne odeur de madeleine et un parfum de renouveau

Mise en liquidation judiciaire à la fin de l'année 2013, les biscuiteries Jeannette reprennent la production de leur fameuse madeleine depuis mai. - Quentin Pommier - RMC
C'est l'histoire d'une entreprise au bord du gouffre, qui aujourd'hui renaît de ses cendres. Mise en liquidation judiciaire à la fin de l'année 2013, les biscuiteries Jeannette reprennent la production de leur fameuse madeleine depuis mai. Ils ont de nouveaux locaux et un nouveau four. Tout ça grâce à des dizaines de dons, d'anonymes, de fidèles à la marque ou de personnes qui croient dans le projet du nouveau repreneur, Georges Viana. Le financement participatif s'est élevé à plus de 100.000 euros, et des investisseurs privés ont, eux, apporté 350.000 euros. Rassuré par les premières semaines de redémarrage, les banques, restées muettes jusqu'à présent, ont accepté la semaine dernière de participer au projet de reprise à hauteur de 250.000 euros.
"Un bon goût de vanille" et d'espoir
RMC s'est rendue à Démouville, dans le Calvados. C'est là, à 10 kilomètres à l'est de Caen, que sont installés les nouveaux locaux des Jeannette. Dans l'usine, il plane une odeur de madeleine bien sûr, mais aussi un parfum de renouveau. Les cinq salariés que compte aujourd'hui l'entreprise travaillent sur une nouvelle madeleine, qui sera commercialisée en septembre et qui doit permettre de pérenniser l'entreprise si elle trouve assez de gourmand prête à s'en délecter. Une madeleine pleine d'espoir pour les salariés. "Elle a la forme d'une coquille Saint-Jacques. C'est une madeleine composée de très bons produits normands: œufs, beurre...", détaille Marie-Claire, employée Jeannette depuis plus de 40 ans. "Il y en aura une avec un bon goût de vanille. Le reste, c'est une surprise…".

"On est sur la bonne voie mais rien n'ai encore définitif"
"On est sur la bonne voie mais rien n'ai encore définitif", tempère toutefois Marie-Claire, avec humilité. Avec 20 autres employés, elle avait occupé l'ancienne usine entre février 2013 et janvier 2014. De cette période de lutte, ils ne sont plus que quatre aujourd'hui à démarrer cette nouvelle aventure. Il y a notamment Jean-Jacques, responsable d'atelier et chez Jeannette depuis 33 ans. Il se souvient de cette période. "On dormait dans l'usine, on montait nos gardes. C'était un peu la vie de famille avec tous les camarades. Le but c'était de trouver un nouveau patron qui puisse relancer la marque, la sauver et sauver les emplois".
Si tous les emplois n'ont pas pu être sauvés, la biscuiterie renaît de ces cendres, grâce notamment à l'afflux de dons récoltés sur Internet. Marie-Claire ne les remerciera jamais assez. "Franchement on ne s'attendait pas à ce que la population soit comme ça derrière nous. Encore une fois un grand merci à tous ces gens qui nous soutiennent".
Une dizaine d'embauches dès l'année prochaine
La biscuiterie, fondée en 1911, poursuit donc son histoire. Une histoire qui s'écrit notamment avec Solène, 25 ans, la dernière recrue, trop heureuse de fabriquer les madeleines qu'elle a toujours dévorées. "Mes goûters c'était la Jeannette, donc quand j'ai vu en septembre la reprise potentielle de l'usine, j'ai envoyé un mail pour postuler", raconte-t-elle, heureuse d'avoir rejoint "une équipe soudée qui a vécu des choses, avec beaucoup d'expérience dans le milieu industriel, ce que je n'ai pas". Dès l'année prochaine, une dizaine d'embauches sont prévues.