Chômage des seniors: "A 54 ans, j'avais le sentiment d'être considéré comme un has-been"

Le chômage a atteint un nouveau record historique en mars avec 3,51 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole, soit 15.400 (+0,4%) de plus qu'en février. Ce mardi, RMC s'est plus particulièrement intéressé au chômage des seniors et aux reconversions qu'il peut entraîner.

Mauvaise nouvelle dans le domaine de l'emploi. Malgré les "signes de reprises" évoqués par le gouvernement, le chômage a atteint un nouveau record en mars, avec 3,51 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole, soit 15 400 (+0,4%) de plus qu'en février. A noter que cette hausse est particulièrement forte chez les seniors de plus de 50 ans (+0,4% ; +8,6% sur un an).

"Il fallait que je crée mon job"

Devant faire face à des employeurs souvent trop frileux, les seniors se lancent de plus en plus dans une nouvelle carrière et créent ou rachètent une entreprise. D'après les chiffres 2014 de l'Insee, 39,5% des entrepreneurs sont seniors. 36% d'entre eux étaient chômeurs auparavant. C'est le cas de Marc Dubois, 57 ans, qui a perdu son emploi en 2012 et qui s'est immédiatement lancé dans une nouvelle aventure.

"A 54 ans, j'avais vraiment le sentiment d'être considéré comme un has-been… Je savais que je n'avais pas le choix: si je voulais poursuivre une activité professionnelle intéressante, il fallait que je crée mon job. Donc pour cela, il fallait que je me batte. Je me suis consacré à 100% à ce rachat d'entreprise afin de me créer mon propre avenir", explique à RMC cet ancien salarié du transporteur Gefco.

Embauches et hausse des salaires

Avec son épargne et un prêt bancaire, Marc Dubois rachète pour 500 000 euros, Etalmag, une PME spécialisée dans l'emballage et la décoration jetable. Il ne supprime aucun emploi et aujourd'hui, son entreprise affiche une croissance à deux chiffres. Conséquence: "Les collaborateurs ont vu leur rémunération évoluée deux années de suite alors que leur salaire était gelé depuis une dizaine d'années. Ils ont donc un peu plus le sourire qu'auparavant", se réjouit-il.

Autre évolution: alors qu'au moment du rachat, Marc Dubois gérait trois salariés, aujourd'hui, ils sont cinq. Virginie, chargée de créer le site Internet, est la dernière embauchée. Elle se montre reconnaissante envers son patron, qui, malgré son âge, a su prendre des risques: "C'est quelqu'un qui sait rester très jeune, qui plaisante énormément et est très dynamique. Si je devais retenir l'image d'un senior, ça serait la sienne". Aujourd'hui, Marc Dubois est un patron comblé qui ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Il prévoit en effet d'embaucher une ou deux personnes de plus l'année prochaine.

Maxime Ricard avec Benjamin Smadja