Colère des gens du voyage à Moirans: "C'étaient de véritables scènes de guerre civile"

Voies SNCF coupées, voitures en feu, saccages… des dizaines de gens du voyage ont provoqué de très violents incidents mardi soir à Moirans (Isère). Une seule raison à ce déchaînement de violences, dénoncé par le Premier ministre Manuel Valls: permettre au frère et au cousin d'une victime d'un accident de la route, tuée le week-end dernier dans une voiture volée après avoir commis un cambriolage, de pouvoir assister mercredi à ses obsèques. "Les flammes… C'était affreux, témoigne, terrifiée, cette riveraine qui habite tout près d'un carrefour où un grand incendie a été allumé. Les pneus, les voitures brûlaient. Et puis, ça a éclaté. On aurait dit un feu d'artifice… Ça a fait comme une petite bombe qui éclatait."
"Un défi lancé à l'ordre républicain"
Et de poursuivre, encore sous le choc: "Les flammes faisaient au moins dix mètres. C'était atroce. Et puis, cette fumée… La route était barrée des deux côtés, complètement en feu". "Le niveau de violence était très important, très impressionnant, confirme Jean-Pierre Barbier, député de l'Isère et président du conseil départemental. Des voitures ont été brûlées, la route a été barrée, la voie de chemin de fer aussi… C'est insupportable. Tout ceci aurait pu déboucher sur des violences physiques mais, par chance, cela n'a pas été le cas".
"C'étaient de véritables scènes de guerre civile", ajoute encore l'élu qui estime qu'il s'agit "d'un défi lancé à l'ordre républicain: quand une décision de justice n'est pas favorable, des gens descendent dans la rue et incendient des voitures. C'est insupportable. Nous sommes dans un Etat de droit". Alors qu'un groupe d'une dizaine de gens du voyage de Moirans a menacé mardi soir de commettre à nouveau des violences, Jean-Pierre Barbier pense lui aussi "que les tensions vont se poursuivre puisque la demande de sortie va être réexaminée par la justice".
"Ils ont tout brûlé"
"Je souhaite que celle-ci reste ferme car on ne peut pas céder à ce type de pression: toute décision de justice doit-être respectée", conclut-il. Simultanément à ces incidents à Moirans, une mutinerie a éclaté au centre de détention d'Aiton (Savoie), à une centaine de kilomètres, là où les deux jeunes gens réclamés par les gens du voyage de Moirans sont incarcérés. Une vingtaine de détenus (sur 190) ont mis le feu à leur coursive et détruit les serrures de leurs cellules.
"Ils ont cassé tout ce qu'ils pouvaient casser. Ils ont brûlé tout ce qu'ils pouvaient brûler, du matériel, des machines-à-laver, des sèche-linges, des chaises… Tout, déplore Pascal Gaudot, du syndicat l'Ufap-Unsa Justice. On n'a rien pu faire et personne n'aurait rien pu faire pour la bonne raison qu'il n'y a qu'un agent pour gérer cinquante détenus. Et même s'ils ne sont que vingt à se rebeller, vous faites quoi? Vous reculez en espérant ne pas prendre de coups". Et ce surveillant de prison de confier: "Cela devient dangereux au quotidien. C'est très dur de se faire insulter, injurier, menacer… C'est le quotidien… Les personnels sont vraiment en très, très grande souffrance".
"On respecte la justice"
Face à ces violents incidents, Joseph Dorkel, représentant de la communauté des gens du voyage, demande à ce qu'on ne fasse pas d'amalgames: "C'est vrai que c'est regrettable. Je comprends les gens du village qui doivent être choqués. Mais ils ne doivent pas craindre les gens du voyage car ils savent qu'ils n'ont jamais foutu le bordel (sic), qu'ils ont toujours été là, qu'ils n'ont jamais agressé les gens".
Et d'assurer: "On ne met pas la République ni la justice à genoux, surtout pas. La justice, on la respecte, on la subit. La loi, c'est la loi. Quand il y a quelque chose, on le fait. La démocratie, la France, la République, c'est notre pays. On l'aime, on le respecte aussi".