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Conditions de détention d'Abdeslam: "Il n'y a rien qui me choque à ce qu'il puisse faire du sport"

Le député (Les Républicains) des Hauts-de-Seine Thierry Solère a demandé vendredi au garde des Sceaux les raisons de la mise à disposition d'une salle de sport à Salah Abdeslam pour son usage exclusif à Fleury-Mérogis. Ce lundi sur RMC, Philippe Kuhn, délégué régional Ile-de-France du syndicat pénitentiaire des surveillants, ne s'en est, quant à lui, pas offusqué.

Les conditions de détention de Salah Abdeslam font polémique. Thierry Solère, député Les Républicains des Hauts-de-Seine, s'est rendu le 29 juin à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, où il a notamment pu "mesurer l'ampleur du dispositif qui entoure la détention" de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie du commando jihadiste responsable des attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis, les plus meurtriers de l'histoire en France.

"J'ai été très étonné de constater qu'une cellule avait été transformée en salle de sport, et encore plus étonné d'apprendre que son usage était exclusivement réservé à cet individu", s'est notamment indigné le député dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas. "Sur ce dernier point, je souhaiterais connaître les raisons et motivations qui ont conduit votre ministère à une telle décision", a-t-il ajouté.

"C'est un détenu comme un autre"

"Il n'y a rien qui me choque à ce que le détenu puisse faire du sport. Tous les détenus à l'isolement en France ont le droit de faire du sport. Salah Abdeslam est un détenu comme un autre donc il a le droit de faire du sport", juge pour sa part Philippe Kuhn, délégué régional Ile-de-France du syndicat pénitentiaire des surveillants, invité de Jean-Jacques Bourdin ce lundi sur RMC. "En revanche, ce qui me choque, ce sont les conditions d'accueil des détenus, surtout en Ile-de-France", ajoute-t-il.

Pour lui, il faut donc surtout s'arrêter sur des problèmes plus importants, comme la surpopulation dans les prisons, ou bien le manque croissant de surveillants. "Parfois des détenus dorment sur des matelas, dans des cellules dont les effectifs sont doublés, triplés voire même quadruplés dans certains établissements. Dans ces cas-là, les surveillants multiplient les problèmes par trois".

"C'est le monde à l'envers"

C'est la raison pour laquelle, dans un courrier daté du 20 juin, que BFMTV s’est procuré, la directrice de la prison de Fleury-Mérogis a interpellé sa hiérarchie pour dénoncer la surpopulation qui touche l’établissement et crée une situation intenable pour les détenus comme pour les personnels. En effet, le nombre de détenus atteint actuellement des sommets à Fleury-Mérogis, qui, en un week-end, a écroué 85 personnes, soit 30% de détenus en plus qu’un week-end moyen. Au total, la prison compte 4.532 détenus, alors qu’elle est censée en accueillir 3.036 normalement.

"Les conditions d'accueil dans les prisons françaises sont inadmissibles. La situation est catastrophique, déplore Philippe Kuhn. A tel point que j'ai récemment appris qu'un accord a été passé avec le tribunal de Bobigny pour faire des remises de peine supplémentaires, pour que les détenus sortent plus et que l'on puisse mieux les accueillir. Concrètement, on remet en liberté des détenus parce qu'on n'a pas suffisamment de place dans les prisons. C'est le monde à l'envers. Je suis de plus en plus inquiet".

Maxime Ricard avec Jean-Jacques Bourdin