Crise des migrants: "Je préfère me suicider que d'être renvoyé en Turquie"

Ils ont 48 heures pour trouver une solution à la crise des réfugiés. Ce jeudi débute un nouveau sommet extraordinaire entre l'Union européenne et la Turquie à Bruxelles alors même que le projet d'accord avec la Turquie (discuté lors du précédent sommet du 7 mars, ndlr) prévoit que les Européens s'engagent à "réinstaller" dans l'UE, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, un autre Syrien présent en Turquie. Un accord jugé inhumain et contraire aux valeurs de l'Europe par plusieurs ONG. En attendant, les migrants, les principaux intéressés, ont déjà commencé à chercher d'autres routes pour se rendre en Europe.
"Je tenterai ma chance avec un passeur"
Ce qui n'est pas sans conséquence… Pour preuve, Idomeni, petit village grec situé à la frontière avec la Macédoine, est devenu en quelques semaines un immense camp de fortune où survivent 10.500 personnes. Sur place, les réfugiés n'attendent plus les décisions de l'Europe. Beaucoup ont en effet perdu l'espoir de voir la frontière rouvrir et cherchent donc un nouveau chemin pour rejoindre l'Europe du Nord et se mettre à l'abri. C'est le cas d'Hassan, arrivé à Idomeni il y a deux semaines, qui a fui Damas afin de rejoindre l'Allemagne.


"Je préfère me suicider que d'être renvoyé en Turquie. Je sais que par l'Albanie c'est très dangereux, il y a la mafia, des militaires. Mais si je dois rester ici encore un mois, je tenterai ma chance là-bas avec un passeur", assure-t-il. Mais il connaît aussi d'autres moyens de contourner la fermeture des frontières. "N'importe qui peut aller à Athènes, acheter des faux papiers d'identité, italiens par exemple, pour 200 euros, et prendre un avion, explique-t-il. J'ai un ami qui l'a fait il y a deux mois. Il est à Berlin aujourd'hui."
"Je n'en peux plus des camps"
Un business de passeurs qui risque d'exploser selon Babar Baloch, représentant du Haut-Commissariat aux Réfugiés: "L'Europe doit ouvrir les yeux. Fermer les frontières officielles, c'est donner du travail aux passeurs !" Ainsi, l'Albanie se prépare à l'arrivée massive de réfugiés espérant rejoindre l'Italie par la mer Adriatique. De son côté, Radouane, 30 ans, vient d'Afrin, près d'Alep en Syrie. Après 18 jours à patauger dans la boue d'Idomeni, il abandonne. Il est monté dans un bus pour Athènes ce mercredi.
"Je n'en peux plus des camps, de vivre dans une tente. Ma femme est enceinte, ce n'est pas une vie ici. Cela fait sept jours que l'on n'a pas vu le soleil, il y a de l'eau partout, se désole-t-il. On a attendu, attendu qu'ils ouvrent la frontière mais rien. Alors on part à Athènes, j'ai un ami là-bas qui va nous aider. On pourra au moins se laver, ça fait 18 jours qu'on n'a pas pris de douche. Là-bas, j'espère aussi que je pourrais m'inscrire au programme de relocalisation. Je veux bien aller n'importe où mais pas retourner en Turquie".
