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Dîner annuel du Crif: à Marseille, on débat toujours du port de la kippa

L'antisémitisme n'a que très peu reflué l'an dernier par rapport à l'année précédente, passant de 851 à 808 actions et menaces, selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ). (Photo d'illustration).

L'antisémitisme n'a que très peu reflué l'an dernier par rapport à l'année précédente, passant de 851 à 808 actions et menaces, selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ). (Photo d'illustration). - Loïc Venance - AFP

A l'occasion du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France, ce lundi, RMC est retournée à Marseille, deux mois après l'agression antisémite dont avait été victime un enseignant le 11 janvier, qui avaient amené les autorités juives locales à appeler au retrait de la kippa dans la rue.

Plus que jamais, c'est la question de l'antisémitisme qui sera le plat principal du dîner annuel du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France, ce lundi. 14 mois après la tuerie de l'Hyper Cacher, et 10 ans après le meurtre d'Ilan Halimi par le gang des barbares, le niveau de l'antisémitisme en France reste en effet préoccupant. "Les actes (antisémites) continuent, les chiffres de 2015 sont pratiquement au même niveau que 2014", déplore le président du Crif, Roger Cukierman, interrogé par l'AFP.

L'antisémitisme n'a que très peu reflué l'an dernier par rapport à l'année précédente, passant de 851 à 808 actions et menaces, selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ).

"Une fois de plus, les juifs, qui représentent moins de 1% de la population totale, sont la cible à eux seuls de 40% des actes racistes commis en France et de 49% des violences racistes aux personnes", a souligné l'organisme dans son rapport annuel.

Le président François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et plusieurs membres de leur gouvernement dont Bernard Cazeneuve (Intérieur), Najat Vallaud-Belkacem (Éducation) et Emmanuel Macron (Économie), ont répondu à l'invitation de Roger Cukierman, 79 ans, dont ce sera le dernier dîner comme président du Crif, après trois mandats.

"En insécurité malgré les policiers devant les synagogues"

Si le dîner a lieu à Paris, RMC s'est rendue à Marseille, où le 11 janvier dernier, un enseignant portant une kippa avait été poignardé par un adolescent se réclamant de Daesh. Dans la foulée, le président du consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, avait demandé aux 70.000 juifs de la ville (deuxième communauté de France) de ne plus porter leur kippa, pour éviter les agressions. Deux mois après, les juifs de Marseille sont toujours partagés sur cette demande.

Freddy, lui, n'a rien changé de ses habitudes depuis la tentative de meurtre de l'enseignant. Entre deux militaires postés devant la synagogue de la rue Breteuil, il quitte l’office… Kippa sur la tête.

"Même si tout peut arriver, bien sûr, je ne pense pas que nous soyons en danger, estime-t-il. On ne peut pas prévoir le futur, mais en tout cas, en ce qui me concerne je ne me sens pas menacé, ni en danger, et je vis en paix avec toutes les communautés".

Un peu plus loin, c'est sous sa casquette que Mickaël cache sa Kippa et presse le pas pour passer inaperçu. Lui se sent "en insécurité", et ce "malgré les policiers devant les synagogues, les écoles".

"Si une personne veut faire quelque chose de mal elle y arrivera, on peut toujours trouver une petite faille".

"Les gens savent bien que c'est exceptionnel"

Cette inquiétude, le rabbin Claude Schwob la mesure, rappelant que "jusqu'à présent, à Marseille, on n'avait pas peur de ça". Mais il pondère et se veut optimiste. "C'est arrivé une fois et les gens savent bien que c'est exceptionnel. On ne sent pas vraiment une agressivité, ni une haine. Enfin, pas tellement". Un "pas tellement" significatif, qui fait que le rabbin demande quand même à sa communauté de se montrer vigilante.

P. G. avec Éric Miguet