Droit à l'oubli: un surveillant de lycée rattrapé par son passé dans le porno gay

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Un surveillant d'un lycée public du Gard vit un enfer depuis le début de la semaine. Ancien acteur de films pornographiques gay aux Etats-Unis, avec une cinquantaine de films tournés entre 2005 et 2011, cet homme a vu son passé le rattraper.
Mardi dernier, comme tous les jours depuis le mois de septembre, cet homme que l'on appellera Nicolas, surveillait les élèves de son lycée à la cantine quand il a vu une vidéo tourner entre les mains des lycéens. Son passé d'ancienne star de pornographie hard gay était découvert.
"J’ai entendu des mots comme, pédé, acteur porno, j’ai vu un attroupement autour d’un smartphone et les élèves criaient mon nom."
Insulté, Nicolas, s'est réfugié dans un local pour éviter les violences, avant d’être reçu par la chef d’établissement qui le pousse à renoncer à son poste. "Elle m’a dit, signe-moi une lettre de démission. J’ai pensé, dès demain, tu n’as plus rien"
"Je veux continuer à exercer mon poste"
Même s’il comprend la situation délicate dans laquelle se trouve sa supérieure, il déplore des amalgames, "ce n’est pas parce qu’on est homosexuel qu’on va violer des gamins de 14 ans. Il faut arrêter cet amalgame d’homosexuel pédophile!" Propos que semble contester la proviseure.
C'est la première fois que Nicolas est violemment confronté à son passé d'acteur pornographique. Un passé qu'il ne regrettait pas jusque-là. Aujourd'hui, il réclame un droit à l'oubli et veut conserver son poste de surveillant.
"Je veux continuer à exercer mon poste et au contraire, j’aimerais que mon expérience prenne un aspect pédagogique pour dire aux élèves, faites attention à ce que vous diffusez. J’irais en parler la tête haute".
"Chacun a le droit d’avoir une vie privée"
Mais peut-on réellement tirer un trait sur sa vie passée et s'en reconstruire une nouvelle, très éloignée de l'univers de ses premiers choix professionnels? Nicolas bénéficie du soutien de la CGT Educ’action qui demande au rectorat une protection immédiate de leur collègue ainsi que son maintien en poste.
Sylvie Polinière est une collègue de Nicolas dans le lycée du Gard. Enseignante, elle est également représentante du syndicat. Elle déplore l'attitude de la proviseure du lycée qui a demandé la démission de Nicolas.
"Il ne devrait pas y avoir d’histoires. Nous, ce qu’on souhaite maintenant, c’est que cet événement serve en travaux pratiques pour la mise en place d’un respect profond des collègues dans leur dignité. C’est quelqu'un qui a toujours été extrêmement apprécié dans son travail. Il n’y a pas que les discours théoriques sur la non-discrimination, on veut le mettre concrètement en action dans notre établissement. Il faut expliquer aux élèves que chacun a le droit d’avoir une vie privée. On exige aussi de la part de notre institution, une protection qui est de droit. On ne peut pas laisser des élèves avoir ce genre d’attitudes sans avoir une réaction forte pour les recadrer".