"C'est la facilité": pour la première fois, les paiements en carte bancaire ont dépassé les espèces

Avez-vous encore quelques centimes dans vos poches? Pas sûr, car l'argent liquide se fait de plus en plus rare. En 2024, pour la première fois en France, il y a eu plus de paiements par carte qu'en espèces dans les commerces de proximité, selon une étude de la Banque de France.
Pièces et billets ne représentent plus que 43% des transactions contre désormais 48% pour la carte bleue (4% de paiements mobiles, 5% pour les chèques ou les virements).
Mais si en quelques années, la part des paiements en espèces a considérablement diminué, 60% des consommateurs considèrent qu'il est toujours important d'avoir la possibilité de payer en cash.
Les espèces ont encore la cote
"L'usage du cash baisse depuis plusieurs années, ce n'est pas une grande surprise", assure ce jeudi sur RMC Story Clémentine Cazalets, économiste à la Monnaie de Paris. Les cartes bancaires sont de plus en plus plébiscitées avec le sans contact, mais les espèces sont encore largement utilisées"
Preuve en est sur un marché de Lyon où l'attachement à la monnaie est encore fort. Sur un stand de fruits et légumes, qui n'accepte pas la carte, Florence est prise au dépourvu: "Je ne sors jamais sans liquide normalement, j'ai 40 centimes sur moi je suis très malheureuse". Cette retraitée est encore très attachée à la monnaie: "Je ne peux pas me promener sans un peu d'argent sur moi, si il y a quoi que ce soit...", explique-t-elle à RMC.
L'argent liquide à l'abri des fraudes et des pannes
Philippe, lui, consacre ses espèces aux dépenses alimentaires. Pour une simple raison: "On se dit qu'on ne veut pas dépasser un budget, on retire une somme et on essaie de faire avec pour la semaine".
"Les espèces ont des caractéristiques propres, irremplaçables et il y a toujours un très fort attachement", explique Clémentine Cazalets. En effet, elles restent le seul moyen de paiement physique: "Cela rassure beaucoup, il n'y a pas besoin d'avoir un compte bancaire, les Français ont confiance. Il n'y a pas de risque de panne, de fraude et c'est un moyen de contact plus humain, il y a un vrai lien social", poursuit l'économiste.
Sur le marché de Lyon, ce sont des clients souvent plus jeunes qui n’ont plus beaucoup d’euros en poche: "C'est toujours sur le téléphone, parfois je ne prends même pas mon porte-monnaie", confie Abdessamad. "J'aime bien avoir un peu de monnaie mais il faut retourner au distributeur, la carte c'est la facilité", explique Lucie.
Les commerçants divisés
Ces changements d’habitude ont poussé les commerçants à s’adapter. Et à se fournir en terminaux de paiement. Certains, comme Ewan, demandent un montant minimum : 10 euros pour payer par carte: "Sur les petites factures ça ferait trop de frais parce qu'il y a des coûts de location de TPE, donc on essaie de les limiter. En dessous de 10 euros ça ferait trop de perte".
Mais certains professionnels font le chemin inverse: "Quand on gère beaucoup d'argent, c'est plus pratique d'éviter d'avoir beaucoup de liquide sur soi", explique Clémentine Cazalets.