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"C'est moins qu'une femme de ménage": la colère d'une fleuriste qui gagne moins de 1400 euros par mois

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Un patron de petite ou moyenne entreprise sur 5 touche moins que le Smic soit moins de 1400 euros net par mois. C'est le cas de Frédérique, fleuriste à Paris. Elle se dit à bout et en veut à l'Etat.

La Confédération des PME alerte sur les difficultés des dirigeants les plus fragiles, à travers une étude publiée jeudi. Un patron de petite ou moyenne entreprise sur cinq touche moins que le SMIC, soit moins de 1400 euros net.

Cette fleuriste, installée dans un quartier animé de Paris, se verse par mois 1400 euros brut par mois en moyenne. Rien même pendant les grandes vacances quand il y a moins de clients. Le tout pour 97 heures de travail par semaine. Ce n'est même plus un sacrifice pour Frédérique, c'est encore pire.

“C’est de l’exploitation. Je gagne moins qu’une femme de ménage”, déplore-t-elle.

Après 24 ans de boutique, elle survit grâce à l'aide de son mari qui a un très bon poste pendant qu'elle se noie toujours un peu plus chaque jour. “L’électricité a augmenté, l’eau a augmenté, le gazole a augmenté et je vais toujours à Rungis et je fais toujours des livraisons. Si j’augmente mes prix, je n’aurais plus de clients. Donc je mange sur mon salaire. Je privilégie de payer mes fournisseurs, l’Etat et mes employés. Et après moi s’il reste de l’argent.

"On est en train de crever"

Frédérique n'y croit plus. Elle a l'impression que le modèle est à bout de souffle.

“Je suis la cinquième roue du carrosse. J’ai plein de jeunes coursiers que j’emploie. Ça marche un an, deux ans et puis ils font des dépôts de bilan rattrapés par les charges. À mes apprentis, je leur dis surtout ne vous mettez jamais à votre compte, soyez salariés. L’État ne se rend pas compte qu’on est tous en train de crever, c’est le dernier de ses soucis”, dénonce-t-elle.

Elle se sent piégée, car elle n’a aucun droit au chômage si elle s'arrête. Alors elle continue de se lever pour gagner de moins en moins.

Nicolas Traino avec Guillaume Descours