Crédits immobiliers: pourquoi ce n'est pas vraiment le bon moment d'acheter
Quel est le meilleur moment pour acquérir une maison ou un appartement? Les futurs acheteurs se posent souvent cette question. Sauf que pour acheter, encore faut-il obtenir son prêt. D'après un sondage publié mi-août 2022, diligenté par six associations professionnelles françaises et diffusé par Franceinfo, 45% des demandes de crédits immobiliers sont refusées à cause du taux d'usure.
Ce taux "est donné trimestriellement par la Banque de France et aucune banque ne peut prêter d’argent au-delà de ce taux", explique Jérôme Cusanno, président de l'Afib (Association française des intermédiaires en bancassurance). Il vise à protéger les consommateurs contre les abus.
Des taux d'intérêt trop élevés pourraient mettre l'emprunteur dans une situation financière compliquée pour rembourser son prêt.
Sauf que, "la situation s’aggrave parce que les taux ne cessent d’augmenter depuis que la banque centrale européenne utilise ce levier, très performant, pour contrer l’inflation et la crise économique".
Des taux autour de 2%
Avant la crise covid, les taux pouvaient descendre jusqu'à 0,2% pour les meilleurs dossiers. Aujourd'hui, "on est aux alentours de 2%, entre 1,75% pour les meilleurs et 2,20% pour les moins bons, sur 20 ans", ajoute Jérôme Cusanno.
Selon lui, "on est sur une phase ascendante, on sait que de toutes façons l’économie répond à un cycle, ça n’est pas très choquant". Pour autant, il faut faire attention car il pourrait y avoir des conséquences.
"Le prêt n’est qu’un outil pour acquérir un bien immobilier. Les conséquences, donc, ce sont pour les agences immobilieres, les constructeurs, le BTP, les notaires et in fine des conséquences fiscales, car sur chaque vente immobilière il y a des droits de mutation qui sont perçues par l’État".
"Si rien n’est fait sur le calcul du taux de l’usure, il va y avoir du sable dans les rouages et ça va gripper", affirme Jérôme Cusanno.
Ces refus à cause du taux d'usure peuvent-ils avoir des conséquences sur les prix de l'immobilier? Pour le moment, notamment en région parisienne, ça ne change pas.
"La demande sera inférieure à l'offre"
Sauf que s'il y a moins de ventes, les agences immobilières vont "commencer à avoir du stock, la demande sera inférieure à l'offre et donc les prix peuvent baisser". C'est d'ailleurs l'une des sources d'inquiétude de l'Afib.
"En France, l’immobilier est un pilier de l’économie. Cette économie française vascille alors il ne faudrait pas qu’on ait, en plus un bâton dans les roues", ajoute-t-il.
Pour les futurs acquéreurs, Jérôme Cusanno conseille de changer les habitudes. "Il faut prendre les devants et aller consulter un courtier ou son conseiller clientèle de banque pour demander une simulation et voir si on répond aux normes du haut conseil de la sécurité financière." Surtout, avant de s'engager et de signer un compromis, il faut s'être assuré que le dossier allait passer.
Faut-il attendre avant d'acheter? "On peut attendre un peu mais le plus important c'est d'aller vérifier que tout est bon avant de se lancer". D'ailleurs, d'après Jérôme Cusanno, "les taux ne vont pas re-baisser".
"Il faudrait que le gouverneur de la banque de France, en situation exceptionnelle, prenne des mesures exceptionnelles, afin de relever quelque peu ce taux de l’usure et in fine peut être une loi pour changer sa méthode de calcul", conclut le président de l'Afib.