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Faut-il instaurer une TVA sociale? "C'est une vieille arnaque, un impôt pour les pauvres", tacle la CGT

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Alors que le Premier ministre François Bayrou a relancé l'idée d'une TVA sociale, la gauche et les syndicats ont tous critiqué cette mesure qu'ils jugent injuste. Les chefs d'entreprise y voient une opportunité pour augmenter les salaires et payer moins de cotisations.

Pour redresser les finances publiques, François Bayrou appelle à l'effort collectif. Le Premier ministre a relancé, mardi, sur RMC face à Apolline de Malherbe, l’idée d'une TVA sociale. Il s'agirait concrètement de réduire les cotisations patronales et d'augmenter dans le même temps la TVA de quelques points pour financer, par ce biais, la Sécurité sociale. 

Votée en 2012 sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, elle avait été immédiatement abrogée par François Hollande après son élection. Emmanuel Macron avait remis le sujet sur la table le 13 mai dernier.

L'invité de Charles Matin : TVA sociale, Bayrou ne ferme pas la porte - 28/05
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"On insiste sur le côté TVA parce que c'est le mode de financement pour compenser les pertes pour la protection sociale par la TVA", explique Clément Carbonnier, professeur d'économie à l'université Paris 8.

Si cette mesure est adoptée, cela signifie que le prix de tous les produits sera plus élevé. "La TVA  c'est ce qu'on paie de façon un peu caché. Tout ce qu'on consomme, il y a un taux de TVA plus ou moins variable", détaille, au micro de Charles Matin, le secrétaire confédéral de la CGT Denis Gravouil.

Une mesure "injuste"

Problème, selon lui, il s'agit de "l'impôt le plus injuste parce qu'on le paie de la même façon quelque soit son revenu. Les retraités, même pauvres, paient aussi."

"C'est un impôt pour les pauvres, les retraités, les bas salaires", insiste le représentant de la CGT.

Denis Gravouil regrette, sur RMC, "un partage des pauvres vers les riches". Pour lui, les entreprises seront les "gagnants" de cette mesure, en payant moins de charges, qui "ne sont pas des charges, mais des cotisations", précise-t-il.

La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet parle, elle, de "recyclage d'une vieille arnaque", celle de "faire croire que taxer la consommation, ça serait sociale". "Le gouvernement rebaptise l'injustice fiscale en TVA sociale. C'est ce qu'on appelle du marketing, et derrière c'est encore les travailleurs et les travailleuses qui paient pour qu'on exonère les plus riches", se désole-t-elle.

Clément Carbonnier, professeur d'économie à l'université Paris 8, rejoint les membres de la CGT sur l'injustice que représente cette TVA sociale: "On va avoir des personnes bénéficiaires qui vont être en particulier des employeurs, et des perdants qui seront les personnes les plus précaires."

Une bonne idée selon les chefs d'entreprise

L'objectif de la TVA sociale c'est de reporter une partie des cotisations sociales sur la consommation et donc de rapprocher le salaire brut du net, de quoi séduire des chefs d'entreprise. "À coût équivalent pour l'entreprise, mes salariés seraient mieux payés. Il y a quand même des charges salariales et patronales qui sont immenses. Évidemment personne ne s'en rend compte parce que c'est l'entreprise qui paie", remarque Alexis de Galembert, fondateur d'une entreprise de 120 salariés qui produit des cookies.

"Quand je vois qu'un salarié me coûte 6.000 euros et qu'il en touche péniblement au net 2.800, c'est très agaçant", souligne le chef d'entreprise.

D'après les calculs de l'association Finances Publiques et Économie, chaque hausse d'un point de la TVA rapporterait quelque 13 milliards d'euros dans les caisses de l'État.

Cassandre Braud, Lou Garnier et Tanguy Roman Clavelloux