Fonderie de Bretagne: les salariés repris chez Renault? "Le premier site est à 500km de chez nous"

Interrogé dans une ambiance tendue à l'Assemblée nationale sur le sort de son ancienne filiale menacée, la Fonderie de Bretagne, le patron de Renault Luca de Meo a justifié les choix du constructeur mais annoncé que des emplois pourraient être proposés aux salariés. Les salariés de la Fonderie et de Renault ont la même journée manifesté, à l'appel de la CGT, devant le siège du constructeur à Boulogne-Billancourt puis près de l'Assemblée nationale, demandant que Renault assume ses responsabilités.
"Si, malheureusement, malgré les montants engagés par Renault, aucun plan de reprise ne se dessine, on prendra nos responsabilités et on proposera un emploi équivalent aux salariés sur un de nos sites en France", a ainsi exposé Luca de Meo devant les députés de la Commission des affaires économiques.
"Ce n'était pas ce qu'on voulait entendre"
"Ce n'était pas ce qu'on voulait entendre. On était venu pour voir quelle visibilité il pouvait donner à un potentiel repreneur sur les deux années à venir mais il nous reparle de restructuration, de fermeture et de partir sur des sites Renault. Sauf que le premier est à 500km de chez nous. Voyez la réaction que l'on peut avoir", a réagi auprès de RMC Maël Le Goff, secrétaire CGT des Fonderies de Bretagne. Le groupe ne dispose toutefois pas d'implantation en Bretagne, mais est très présent en Normandie, rappelle l'AFP.
"Les grands donneurs d'ordre comme Renault ne peuvent pas se décharger de leurs responsabilités", a estimé de son côté le délégué syndical CGT du groupe Renault, Thomas Ouvrard, cité par l'AFP.
"Renault est un triste symbole", tacle Sophie Binet
"Renault est un triste symbole, celui de l'indécence et de l'irresponsabilité des grands groupes français. La stratégie des grandes entreprises est un problème pour notre pays et notre industrie", a dénoncé la patronne de la CGT Sophie Binet, venue soutenir les salariés à proximité de l'Assemblée nationale, dans une vidéo publiée par Ouest-France.
Luca De Meo a répété que le constructeur avait proposé de mettre "35 millions d'euros dans la balance" pour aider à la reprise et à la diversification de La Fonderie de Bretagne (FDB). Celle-ci est une ancienne filiale du constructeur au losange dont les 300 salariés produisent des pièces en fonte pour les suspensions et les échappements. En 2022, FDB avait été vendue par Renault, en grande difficulté, à un fonds d'investissement allemand.
"Est-ce qu’on peut demander à Renault d'assumer les conséquences d’un choix politique" et "l’échec du management de Fonderie de Bretagne ?" a lancé Luca De Meo
Le groupe automobile français est toutefois resté le principal client de la Fonderie, elle aussi en difficulté, tout en la poussant à chercher des clients au-delà du secteur automobile. La Fonderie n'a pas remonté la pente et Renault a refusé depuis l'été 2024 de s'engager sur un volume de commandes pour les années à venir, refus qui aurait, selon la direction de FDB, fait capoter les discussions entamées pour une reprise de l'entreprise par un autre fonds d'investissement, Private Assets.
La CGT dénonce des "mensonges" de Luca De Meo et demande notamment que Renault maintienne sa part de marché jusqu'en 2028 pour "permettre la montée en charge de la diversification" des clients. La chambre du conseil du tribunal de commerce de Rennes doit examiner la situation de FDB le 12 mars, pour éventuellement poursuivre la période d'observation ou statuer sur "sa liquidation judiciaire si son redressement s'avérait impossible."
"Patriotisme économique"
La FDB a "besoin d'une restructuration et ça n'a pas été pris en compte" par le repreneur précédent, s'est justifié Luca de Meo. "Cette entreprise était très proche du crash. Et on est plus en forme que jamais", a souligné le patron. "On a fait ça en recentrant Renault sur la France. Ça n'avait rien d'évident (...) Renault est la démonstration que l'on peut faire preuve de patriotisme économique".