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Économie

Hausse des prix du carburant: un sentiment d'abandon chez les pêcheurs français

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Le gazole destiné aux bateaux de pêche qui est détaxé atteint 1,30 euros le litre. En temps normal, il est aux alentours de 45 centimes le litre. Une différence énorme qui impacte fortement l'activité des professionnels du secteur.

Les pêcheurs aussi subissent la hausse des prix des carburants. Si Jean Castex a indiqué qu'ils seraient également concernés par la baisse de 15 centimes par litre, avec des bateaux qui consomment jusqu'à 2.000 litres par jour, la facture reste salée pour ces travailleurs de la mer.

Certains pêcheurs n'osent même plus sortir leurs bateaux pour éviter de travailler à perte.

Grégory Delponte est armateur. Avec ses deux frères, il possède un chalutier qui fait travailler six personnes. Depuis le début de la crise, il paye deux fois plus cher pour faire le plein de son bateau.

“En principe, on fait 7.000 euros par semaine de plein de gazole et là, ça va faire plutôt 12.000 ou 15.000 euros vu les augmentations”, indique-t-il.

L’augmentation est telle que son bateau ne va bientôt plus pouvoir partir en mer. Beaucoup trop cher. Un déchirement pour ce père de deux enfants marin-pêcheur depuis 26 ans.

On se sent un peu abandonné. C’est notre vie, c’est notre travail. Nos parents l’ont fait, nos grands-parents aussi et nous, on a suivi. Mais nos petits-enfants eux ne le feront pas, ça, c’est une certitude, ça ne vaut pas le coup. Je les pousse pour l'instant à faire autre chose”, confie-t-il.

Une colère qui couve?

Des pêcheurs à la fois inquiets, impuissants et en colère comme Jérôme Morizot, patron pécheur salarié.

“Des envolées aussi rapides et aussi soutenues, c'est du jamais-vu. On commence à se concerter entre nous. Forcément quand on ne pourra plus payer, la colère va éclater”, prévient-il.

Une colère que le gouvernement tente d’apaiser en annonçant ce samedi une baisse de 15 centimes d’euros par litre dès le mois d’avril. Une aide à laquelle pourrait s’ajouter un abaissement des charges sociales et portuaires pour les pêcheurs.

Estelle Henry avec Guillaume Descours