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L'ascenseur social français est-il réellement en panne?

Pour la première fois, l'INSEE s'est penché sur la question de l'ascenseur social et a enquêté pour savoir si les enfants issus de familles modestes peuvent se hisser dans les 20% les plus aisés de France. Des chiffres plus ou moins surprenants, qu'Emmanuel Lechypre analyse sur RMC.

L'ascenseur social fonctionne-t-il en France ? Jusqu'ici, on avait très peu d’indicateurs, mais pour la première fois l'INSEE vient de mesurer les chances des enfants issus de familles modestes de se hisser parmi les 20% les plus aisés en France.  

Les chiffres sont sans appel: les enfants de familles aisées partent avec un énorme avantage. Ils ont trois fois plus de chance de se hisser parmi les 20% de Français les plus aisés que ceux issus des milieux modestes.

Pour ces derniers en revanche, c'est nettement plus compliqué. Seuls 12% des jeunes issus des milieux les plus modestes parviennent à se retrouver parmi les 20% les plus aisés. Si on compare avec les pays étrangers, la situation est surprenante: la mobilité sociale est plus grande en France qu’aux États-Unis, mais moins qu’en Scandinavie.

Le sexe, le lieu de résidence ou la situation familiale, facteurs de mobilité sociale

Il n'y a pas que les revenus des parents qui expliquent la mobilité sociale (ou non). Ainsi, les femmes issus de milieux modestes ont quasiment deux fois moins de chances que les hommes de se hisser parmi les plus aisés.

Le lieu de résidence joue aussi. C'est particulièrement difficile de réussir pour ceux qui vivent dans les Hauts-de-France. À l'inverse, ceux qui vivent en Île-de-France ou ont vécu dans plusieurs régions différentes sont les plus susceptibles de gagner beaucoup plus que leurs parents. Idem sur la situation familiale: c’est plus difficile de réussir pour les enfants de famille monoparentale ou de familles nombreuses.

Enfin, le niveau de formation des parents compte aussi pour beaucoup. Ceux dont les parents n'ont pas de diplôme ont nettement moins de chance de s'en sortir que les autres.  

Par contre, il y plutôt de bonnes surprises concernant les immigrés. Ils ont plus de chances de bien s’en sortir qu’un natif (15% contre 10%). En effet, ils sont dans les territoires les plus dynamiques, où les investissements sont les plus forts dans l’éducation.

Emmanuel Lechypre (édité par MM)