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L'État baisse les aides pour les travaux de rénovation énergétiques

Malgré des objectifs de rénovations énergétiques ambitieux, l'État, vient aussi d'acter en parallèle une baisse des aides pour certains travaux de rénovation.

Le temps presse. L'État a fixé des objectifs de rénovations énergétiques: des obligations extrêmement ambitieuses, voire intenables. Sauf qu'en même temps, l'État, aussi surprenant que ça puisse paraître, vient aussi d'acter en parallèle une baisse des aides pour certains travaux de rénovation, notamment des Certificats d’Economies d’Energie, les C2E.

S'ils sont nettement moins connus que MaprimeRénov, ils sont pourtant beaucoup plus puissants. Faut savoir qu'en rythme de croisière, les certificats d'économies d'énergie ce sont quatre milliards d’euros de primes versées chaque année aux particuliers contre deux milliards pour Maprimerenov. Et si on en parle si peu de ces certificats, c’est que le dispositif est assez complexe: il ne s'agit pas d'argent public. Tout est financé par des entreprises privées, en l’occurrence les fournisseurs d’énergie mais c'est bien l'État qui régule tout. Il fixe des objectifs, des obligations, à ces entreprises pour plusieurs années. Il détermine aussi le niveau des aides en fonction des travaux qui seront réalisés ceux qui pourront bénéficier de primes bonifiées et ceux qui, au contraire, seront moins subventionnés.

Les travaux d'isolation concernés

Mais quelle décision l'État vient-il de prendre pour faire baisser les aides aux particuliers ? La plus récente c'est celle concernant les travaux d'isolation. Depuis le 1er mai les primes sur ces travaux ont été baissées de 20 à 30%. La raison officielle, c'est que c'est une façon pour le gouvernement de privilégier d'autres travaux, en l'occurrence, les changements de mode de chauffage et les rénovations plus globales. Le problème c'est que les travaux d'isolation sont eux aussi très efficaces et qu'ils coûtent souvent trop cher aux ménages avec moins d'aides, beaucoup d'entre eux pourraient donc y renoncer purement et simplement.

Selon l'une entreprise d'aide dans la rénovation énergétique, Effy, pour une maison de 120 m², en cumulant MaprimeRenov et les aides liées aux Certificats d’Economies d’Energie, une isolation par l’extérieur vous revenait au final à 6.000 euros avant le mois de mai. Depuis le 1er mai, le reste à charge passe à 10.500 euros. Un montant évidemment prohibitif pour la majorité des ménages.

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Un recul global

Mais le comble dans tout ça, c'est que les autres types de travaux ne sont pas plus aidés. On assiste à un recul général des primes liées aux certificats d'économies d'énergie à cause des objectifs globaux fixés là encore par l'État aux entreprises qui financent le dispositif. Ces obligations sont prises par périodes de quatre ou cinq ans. Pour faire simple: plus l’État impose d’obligations aux fournisseurs d'énergies, plus le montant des primes augmente Or, les nouvelles obligations entrées en vigueur en début d’année ont été mal calibrées, sous-évaluées. Ainis, c'est toutes les primes qui sont en forte baisse. Effy nous dit qu'en un an les montants de certaines aides ont baissé de 40% à 50%.

On imagine que l'Etat va devoir demander des efforts supplémentaires aux entreprises. C'est en tout cas ce que réclament ceux qui distribuent les certificats d'économies d'énergie. On n'est même pas arrivé à la moitié de l'année qu'il ne reste déjà presque plus rien pour aider les français à rénover via ce dispositif, mais c'est pas si simple. Les énergéticiens ont une fâcheuse tendance à répercuter dans leurs tarifs ce que leur coûtent les certificats. À l'heure où les coûts de l'énergie explosent, c'est donc une décision extrêmement délicate, politiquement et économiquement. À moins que l'État finisse par mettre lui-même la main à la poche, les objectifs de rénovation qu'il s'est fixé semblent à ce stade, compromis.

Marie Coeurderoy