La difficile adaptation des communes rurales à la raréfaction des distributeurs de billets
Retirer de l'argent risque bientôt de vous coûter plus cher: les banques ont obtenu la possibilité d'augmenter le prix de la commission qu'elles prélèvent sur chaque retrait. A chaque fois que vous retirez de l'argent à un distributeur ou dans un autre réseau bancaire que le vôtre, votre banque est facturée, et cette commission a été relevée de 56% pour passer à 89 centimes au 1er janvier. Un prix qui devrait se répercuter sur le client.
Pourquoi cette augmentation ? Parce que les banques traditionnelles expliquent que gérer et entretenir les réseaux de distributeurs coûte cher. Et du coup, les distributeurs sont de plus en plus rares. Il y en a 10% de moins qu'il y a 5 ans. Et 8 communes sur 10 n'en sont pas équipées. Exemple à Zuydcoote, près de Dunkerque (Nord).
"Quand j'ai besoin de billets je dois demander à mon fils et je lui fais un chèque..."
Les 1.800 habitants doivent forcément prendre la voiture pour retirer de l’argent. Le plus proche est à 3 km. Pour les personnes âgées, c’est le système D. C'est le cas de Brigitte, 71 ans. Pour elle, l’absence de distributeur automatique de billets est une galères du quotidien ou presque.
"Il faut toujours avoir un peu de liquide pour les petits commerces. Quand j'ai besoin de billets je demande à mon fils et je lui fais un chèque. C'est pas pratique."
Le distributeur a été retiré il y a deux ans. Pour pallier ce manque, les commerçants sont invités à jouer les banquiers en quelque sorte. Pour un ticket de caisse à 20 euros par exemple, prendre 50 euros en carte bleue et et rendre 30 en espèces. Ça s’appelle le cashback. Mais, hors de question pour Edgar Debruyne, le boucher du village.
"Qui dit carte bancaire dit plus de frais ! Je vais avoir des frais sur les 30 euros que je vais donner en espèces. Ce n'est pas aux commerçants de faire ce que les banques ne veulent plus faire. Chacun son job."
"Ils ont déjà tendance à enlever partout"
Des banques insensibles aux problématiques des zones rurales. Le crédit Agricole réclamait 6.000 par an à la mairie pour maintenir le distributeur. Florence Vanhille, maire de Zuydcoote, déplore cette situation.
"C'était la condition sine qua non pour que ce distributeur reste, on est une petite ville d'à peine 1.800 habitants. On n'a pas d'industrie sur notre commune, on a un petit budget... On est un peu enfermés dans cette situation. Et quand une banque enlève un distributeur, les autres ne viennent pas car ils ont tendance à enlever partout ces distributeurs."
Des espèces pourtant nécessaires au quotidien. D’après une étude, 55 % des transactions en France sont encore effectuées en liquide.