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Le chèque menacé de disparition? "Qu'on établisse alors la rémunération du compte courant"

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Une "réflexion est en cours" sur l'acceptation des chèques comme moyen de paiement par le Trésor public, fait savoir Direction générale des finances publiques. "Si on met fin au chèque, il faut établir la rémunération des comptes courants", propose sur RMC l'économiste Pierre Rondeau.

"Une réflexion est engagée sur l’avenir du chèque comme moyen de paiement au Trésor public", a fait savoir la directrice générale des finances publiques, Amélie Verdier. aux syndicats le 5 juillet. "Il n'y a pas de date arrêtée", a-t-elle indiqué dans Le Monde. Conséquence: le dernier centre de traitement des chèques par l'administration fiscale pourrait fermer en 2027.

Et ce alors que les chèques pèsent moins de 3 % du nombre total de transactions en France, contre plus de 37 % en 2000, rappelle le quotidien. En dix ans, le nombre de chèques encaissés par les recettes publiques a chuté de 72 %, pour tomber à 39 millions en 2024, selon le ministère de l'Economie et des Finances.

Au sein de l'UE, la France "fait partie de ceux qui en utilisent le plus"

Pourtant, "au niveau européen", la France "fait partie de ceux qui en utilisent le plus", explique sur RMC Pascale Hebel, économiste et spécialiste de la consommation. "2 % des flux, c’est quand même 800 millions de paiements en 2024. Le chèque n’aura pas disparu d’ici à 2030, mais son usage sera sans doute encore plus marginal qu’aujourd’hui. On sera proche, voire en dessous des 1 %", expose auprès de Libération Julien Lasalle, directeur adjoint des études et de la surveillance des paiements de la Banque de France.

"Si on met fin au chèque, il faut établir la rémunération des comptes courants", propose Pierre Rondeau

"Juridiquement, il est difficile d’interdire le paiement par chèque, qui est le seul mode totalement gratuit pour l’usager", rappelle dans Le Monde Olivier Brunelle, secrétaire général Force ouvrière des finances publiques. "C'est Valéry Giscard d'Estaing, dans les années 70, qui avait négocié en disant : on garantit la gratuité du traitement des chèques, pas de frais, mais en contrepartie le compte courant n’est pas rémunéré", abonde l'économiste Pierre Rondeau dans Estelle Midi.

"Dans les autres pays européens, les comptes courants sont rémunérés, certes faiblement, mais rémunérés quand même : un petit pourcentage de 0,5 %, avec en face un traitement des chèques payant. La France a fait le choix inverse", poursuit ce dernier.

"La dématérialisation des paiements, c’est la mort du commerce"

Une disparition du chèque pourrait aussi fragiliser une partie de la population, les plus âgés, mais pas que, prévient Pascale Hebel. "Il y a des artisans qui ne se font payer qu’en chèque. On ne peut pas imposer à tout le monde de devenir agile en numérisation", dit-elle.

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Franck, patron de bar, est de cet avis: " Nous, en dessous de 10 euros on accepte pas la carte bancaire. Les frais sont exponentiels. Mes fournisseurs sont livrés en chèque, ça fonctionne comme ça", fait-il savoir au micro de RMC. "La dématérialisation des paiements, c’est la mort du commerce", regrette-t-il.

Selon l'Observatoire de sécurité des moyens de paiement (OSMP), la carte bancaire était en 2023 le moyen de paiement hors espèces préféré des Français, les chèques représentant moins de 3% des transactions hors espèces.

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